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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 06:21

La petite VeniseLA PETITE VENISE
Film italien de Andrea Segre avec Zhao Tao,  Rade Serbedzija, Marco Paolini... (2011 - vostf - 1h38)
Sur une île de la lagune vénitienne, un pêcheur fait la connaissance d'une jeune chinoise récemment immigrée. Une douce amitié naît peu à peu entre ces deux êtres que tout semble séparer. Mais leurs sentiments dérangent deux communautés qui se rejettent: Italiens et Chinois voient d'un mauvais oeil leur complicité naissante...

La petite Venise : le vieil homme et la lagune 

Avec La Petite Venise Andrea Segre développe, tout en délicatesse, une histoire d'amitié sur fond de chaos ordinaire. Entre le chaos de Chioggia et le grandiose de Venise, les personnages devront trouver leur place pris au piège par un monde en pleine mutation.

 

La Petite VeniseLa petite Venise fait le récit atypique de la rencontre entre deux mondes, celui de l'orient, avec Li, la chinoise et celui de l'Italie, pas n'importe laquelle, l'Italie de la lagune. Rencontre surtout entre Li, la chinoise et Bepi, le yougoslave devenu italien, deux immigrés que l'amour de la poésie vont réunir, simplement, délicatement. Délicat, le long-métrage l'est dans les relations humaines qu'il développe, celles qui lient les italiens, pêcheurs de père en fils, de grand-père en petit-fils et Bepi, le yougoslave, qui, lui ne sait même pas qui était son père. Mais le lien qui unit les deux immigrés est, moins évident, se laisse deviner dans les gestes tendres, les sourires échangés, sans sous-entendu aucun, que celui du sentiment profond d'une appartenance réciproque.

 

La Petite VeniseLes plus belles histoires d'amour ou d'amitié, sont celles qui sont mises à l'épreuve. La force de celle qui unit Bepi et Li devra s'affirmer face à la barrière culturelle qui les sépare. Plus qu'une rencontre, c'est un choque de deux cultures bien éloignées que Andrea Segre met en scène. Choque qui sera révélé par la communauté chinoise, ainsi que par celle italienne, qui face à la pauvreté et à la dégradation du métier de pêcheur, accumule les rancœurs et les haines, envers les étrangers vus comme les envahisseurs.

 

La Petite VeniseC'est un monde qui est en train de s'écrouler, de disparaître, à l'image des cabanes de pêcheurs, qui ne tiennent plus debout, que le réalisateur évoque ici. Il n'a pas choisi de tourner son film à Venise même, mais à Chioggia, une petite île, qui juste sous les yeux de la sublime est en train de sombrer, touchée par la crise. Cette dernière devient alors le symbole d'un monde en mutation, qui devra trouver sa place entre le chaos et le grandiose.

 

Par Camille Esnaul pour "Toutlecine.com"

 

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 05:25

LUNDI 10 SEPTEMBRE à 18h et 21h au PALACE de ROMORANTIN : SOIREE LANCEMENT DE LA NOUVELLE SAISON DES AMIS DU CINEMA. PROJECTION DE «LA PETITE VENISE»

ENTREE GRATUITE POUR LES ANCIENS ADHERENTS SUR PRESENTATION DE LEUR ANCIENNE CARTE.

(Venir une demie-heure à l’avance pour renouveler votre adhésion)

IMPRIMEZ LE PROGRAMME EN CLIQUANT SUR CETTE LIGNE !


Je me suis fait tout petitJE ME SUIS FAIT TOUT PETIT
Comédie romantique française de Cecilia Rouaud avec Vanessa Paradis, Denis Ménochet, Léa Drucker, Laurent Lucas... (1h36)
Plus rien ne retient Yvan à Paris. Sa femme l'a quitté. Ses filles ont choisi d'habiter chez sa soeur. Yvan est prêt à partir... quand débarquent dans sa vie la belle Emmanuelle et Léo, le petit garçon que sa femme a eu avec un autre. Yvan va devoir changer ses plans...
Signé de l’actrice, réalistrice, scénariste Cécilia Rouaud, un premier film d'une infinie justesse qui fait la part belle à d'excellents comédiens.
SAMEDI 1er SEPTEMBRE à 17h séance en présence de Cécilia Rouaud, réalisatrice du film


Journal de FranceJOURNAL DE FRANCE
 

Documentaire français de Raymond Depardon, Claudine Nougaret. (2011-1h40)

C’est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde,des bribes de leur mémoire, de notre histoire.
Présenté hors compétition à Cannes, Journal de France de Raymond Depardon fait se cohabiter les images d'hier avec celles d'aujourd'hui, célébrantla mémoire de ce faiseur d'images avec lumière et bienveillance.
LUNDI 3 SEPTEMBRE à 21h


La petite VeniseLA PETITE VENISE

Film italien de Andrea Segre avec Zhao Tao... (2011 - vostf - 1h38)

Sur une île de la lagune vénitienne, un pêcheur fait la connaissance d'une jeune chinoise récemment immigrée. Une douce amitié naît peu à peu entre ces deux êtres que tout semble séparer. Mais leurs sentiments dérangent deux communautés qui se rejettent : Italiens et Chinois voient d'un mauvais oeil leur complicité naissante...
Andrea Segre développe, tout en délicatesse, une histoire d'amitié sur fond de chaos ordinaire et retrouve la grande tradition du conte à l'italienne de jadis, le cinéma à la Vittorio De Sica, où le réalisme côtoyait la poésie...
LUNDI 10 SEPTEMBRE à 18h et 21h


HOMMAGE A JEAN RENOIR :

QUATRE CHEFS-D’OEUVRE EN VERSION RESTAURÉE

BOUDU SAUVÉ DES EAUX
Film français de Jean Renoir avec Michel Simon, Charles Granval, Jacques Becker (1932 - noir et blanc - 1h25)
Un libraire bourgeois mais fantasque recueille chez lui, au grand dam de son épouse un clochard qui voulait se jeter dans la Seine, laquelle finit pourtant par succomber aux avances du vagabond.
MERCREDI 12 SEPTEMBRE à 21h, SAMEDI 22 à 16h, LUNDI 24 à 18h


LA GRANDE ILLUSION
Film de Jean Renoir avec Jean Gabin, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim... (1937 - 1h54)
Leçon de solidarité et de fraternité dans un camp allemand durant la Première Guerre Mondiale avec comme but retrouver la liberté...
VENDREDI 14 SEPTEMBRE à 18h, MARDI 18 à 21h, DIMANCHE 23 à 14h30


LA RÈGLE DU JEU
Film de Jean Renoir avec Marcel Dalio, Jean Renoir, Paulette Dubost... (1939 - 1h46)
Un château dont tous les hôtes sont en situation irrégulière et se conduisent comme des portefaix. Un accident de chasse qui pourrait bien n'être qu'un drame de la jalousie.
SAMEDI 15 SEPTEMBRE à 16h, LUNDI 17 à 18h, MERCREDI 19 à 21h


FRENCH CANCAN
Film de Jean Renoir avec Jean Gabin, Françoise Arnoul, Philippe Clay, Jean-Roger Caussimon, Michel Piccoli, Edith Piaf, Patachou (1954 - 1h37)
le Montmartre des années 1900 celui des petits métiers et des music-halls. La naissance du Moulin-Rouge. Une merveille de fantaisie.
DIMANCHE 16 SEPTEMBRE à 14h30, VENDREDI 21 à 18h, MARDI 25 à 21h


The deep blue seaTHE DEEP BLUE SEA
Film anglais de Terence Davies avec Tom Hiddleston, Rachel Weisz, Simon Russell Beale. D’aprés la pièce de Terrance Rattigan. (2011 - vostf - 1h38)
Hester Collyer, épouse de Sir William Collyer, haut magistrat britannique, mène une vie privilégiée dans le Londres des années 1950. A la grande surprise de son entourage, elle quitte son mari pour un homme dont elle s’est éperdument éprise. Sir William refusant de divorcer, Hester doit choisir entre le confort de son mariage et la passion...
Terence Davies fait un portrait impitoyable de la femme des années 50. Il met en place un étau psychologique, grâce à une mise en scène rigoureuse, des compositions des plans, à la musique jusqu'au jeu impeccable des acteurs.
LUNDI 17 SEPTEMBRE à 18h et 21h


Les enfants de belle ville LES ENFANTS DE BELLE VILLE
Film iranien de Asghar Farhadi (la séparation) avec Taraneh Alidoosti, Babak Ansari, Faramarz Gharibian... (2004 - vostf - 1h41)
Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin...
A travers les démarches humiliantes de la sœur et du meilleur ami d'un jeune condamné à mort, A. Farhadi analyse déjà, dans cet inédit de 2004, les dérives délétère de la législation et de la société iranienne.  
LUNDI 24 SEPTEMBRE à 18h et 21h


360360
Film anglais de Fernando Meirelles avec Anthony Hopkins, Rachel Weisz, Jude Law... (2012 - vostf - 1h50)
Fernando Meirelles une relecture moderne et dynamique de la pièce «La Ronde», d'Arthur Schnitzer. Une histoire d'amour chorale où les destins de personnages d'horizon différent s'entrecroisent.
Capable de donner au moindre plan une grande force visuelle, Fernando Meirelles aime aussi être au plus proche de ses comédiens. Il en dirige ici d'excellents. Ces talents concertés finissent par faire exister des personnages qu'une fragilité universelle réunit. Un véritable hymne aux relations hommes femmes alliant romance, suspense et action.
LUNDI 1er OCTOBRE à 18h et 21h


BrokenBROKEN
Film anglais de Rufus Norris avec Eloise Laurence, Tim Roth. (2011-vostf-1h31)
Skunk, 11 ans, est rayonnante et fragile. Mais tout son univers bascule le jour où, témoin d'une agression brutale, elle voit les certitudes rassurantes de l'enfance laisser place à l'injustice, au danger et à la peur...
Rufus Norris dévoile un travail délicat sur les blessures infligées à l’enfance dans une Angleterre qui a perdu tout espoir. Une réflexion poétique sur le rôle de parent, l’hérédité de la violence ou encore l’âge de l’enfance, portée par l’étonnante et toute jeune actrice Eloise Laurence.
LUNDI 8 OCTOBRE à 18h et 21h


 

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 08:38

Journal de FranceJOURNAL DE FRANCE
Documentaire français de Raymond Depardon, Claudine Nougaret. (2011 - 1h40)
C’est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.

Journal de France : sur la route de Raymond Depardon 

Présenté hors compétition au 65e Festival de Cannes, Journal de France de Claudine Nougaret et Raymond Depardon fait se cohabiter les images d'hier avec celles d'aujourd'hui, célébrant la mémoire de ce faiseur d'images avec lumière et bienveillance.

 

C'est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu'il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.

 

Journal de France«Raymond à l'image, moi au son». Fruit d'une collaboration de 25 ans, ce Journal de France revêt la forme d'un journal intime, où la voix de Claudine Nougaret viendrait s'interposer sur le regard clair de Raymond Depardon, traversant la France dans son camion fourgonnette avec pour objectifs d'attendre la bonne lumière, de capter cette France des sous-préfectures qu'il connaît si mal, lui qui a passé des années à parcourir le monde en écoutant les autres. Grâce aux chutes inédites qui l'attendaient dans la cave, Claudine Nougaret, cette faiseuse de sons devient une faiseuse d'images et reconstitue ces bribes de mémoire avec simplicité et ce besoin constant de ne jamais trahir cette mémoire en marche.

 

Journal de FranceDes routes de Nevers, au Vénézuela, en passant par la Cisjordanie, le Tchad et le Palais du Louvre, c'est une à une que ces archives d'un autre temps viennent se défiler sous nos yeux. Bercés par le ronronnement du moteur, on assiste aux premiers essais, hésitants, de Raymond Depardon qui s'entraîna jadis à filmer en marchant, instaurant peu à peu cette méthode basée sur l'écoute et le regard. Puis vient la voix d'Alain Bashung, ces Vertiges de l'amour entonnés sur ce Journal de France et la rencontre à Paris, en 1986. «Je viens de rencontrer Raymond, il n'arrête pas de me suivre et de me filmer. (...) On ne se quitte plus» Le son vient se superposer à l'image, et les voilà embarqués dans le désert que Raymond Depardon chérit tant. Le camion fourgonnette avance, l'homme s'interroge : «Qu'est-ce que je fous là ?» Puis quand vient la nuit, ça va mieux. On laisse alors Raymond Depardon être en orbite quelque part, dans sa capsule, en attendant de le retrouver ici ou ailleurs.

 

Par Laure Croiset pour "Toulecine.com"

 

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 07:18

Je me suis fait tout petitCécilia Rouaud, actrice et réalisatrice présentera son film Samedi 1er Septembre à 17h au Ciné Palace de Romorantin et le Samedi 1er Septembre à 21h au Ciné Lumière de Vierzon.

 

 

Téléchargez deux places à tarif réduit en cliquant sur cette ligne ou sur l'image ci contre !

 

JE ME SUIS FAIT TOUT PETIT
Film français de Cecilia Rouaud avec Vanessa Paradis, Léa Drucker, Laurent Lucas... (1h36)
Plus rien ne retient Yvan à Paris. Sa femme l'a quitté pour vivre en Thaïlande. Ses filles, adolescentes, ont choisi d'habiter chez sa soeur Ariane, aussi angoissée qu'admirable. Yvan est prêt à partir... quand débarquent dans sa vie la belle Emmanuelle, qui fait des enfants comme elle tombe amoureuse, et Léo, le petit garçon que sa femme a eu avec un autre. Yvan va devoir changer ses plans.

Je me suis fait tout petit : une promesse d'avenir portée par Vanessa Paradis 

 Cecilia Rouaud silionne la quintessence de l’oralité en redonnant l’éloquence du geste et du silence par ce film d’une beauté enfantine. Le ton est lancé là où l’écrit perdure grâce à une pléiade d’acteurs qui résonnent.

 

Je me suis fait tout petit - Vanessa Paradis, Denis Ménochet Je me suis fait tout petit, c’est le poids d’une génération dans un corps d’enfant, des souffrances et des erreurs de chacun transmis à la naissance. Le silence évoqué au travers d’un personnage que l’on abandonne à un père qui n’assume pas son rôle, et qui se lit dans l’oeil de la caméra. Par se film, Cecilia Rouaud consacre toute la fantaisie d’une vie par l’inattendu d’une rencontre qui illumine parfois un sombre passé. Cet homme qui traine le fardeau d’un amour déchu, des déceptions sans raison dont il n’a pas fait le deuil, cet homme qui, brutalement fait de ses blessures des cicatrices ébranlées, c’est Yvan ( Denis Ménochet). Grâce à Vanessa Paradis, solaire, un guide au milieu de la pénombre, une étoile face à la noirceur, le film prend son envol. Si la fêlure devient belle, c’est grâce à elle, à la famille, magnifiquement symbolisée par le rôle névrosé et somptueusement interprété par Léa Drucker.

 

Je me suis fait tout petit - Denis Ménochet, David Carvalho-JorgeJe me suis fait tout petit, c’est non seulement la famille de sang, mais aussi la famille de cœur, qui se forme par les alliances et les lâcher prise. Une promesse d’avenir, une garantie d’espoir que caresse l’autre face à l’amertume outrepassée, le réalisateur signe un film donnant au vivant toute sa légitimité. Parce que, bien souvent, si l’on écoute, il est difficile d’entendre, l’ainée apprendra le langage des signes, pour faire comprendre au monde le poids du non dit, du symbole et de l’implicite d’un geste. De l’inconvénient d’être né, le petit garçon, trouvera le substitut de ce qui lui a toujours manqué, un toit, une postérité. L’insolite d’une généalogie, l’ascendance de l’incongru, la force de la larme, et la filiation d’un sourire, débute quand on était petit, pour devenir grand.

 

Par Audrey Meunier pour "toutlecine.com"

 

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 12:03
Laurence AnywayLAURENCE ANYWAYS
Comédie dramatique réalisé par Xavier Dolan avec Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Yves Jacques (2h39)
Dans les années 90, Laurence annonce à Fred, sa petite amie, qu'il veut devenir une femme.
Envers et contre tous, et peut-être bien eux-mêmes, ils affrontent les préjugés de leur entourage, résistent à l'influence de leur famille, et bravent les phobies de la société qu'ils dérangent.
Pendant dix ans, ils tentent de survivre à cette transition, et s'embarquent dans une aventure épique dont leur perte semble être la rançon
"Laurence Anyways" : variation transgenre sur la fatalité du couple

Le cinéma québécois, entité qui effarouche les cinéphiles par son goût emphatique du sujet de société, n'a jamais trouvé en France, hormis quelques succès occasionnels, une attention digne du lien qui nous relie à nos seuls vrais cousins d'Amérique. Depuis peu, un jeune énergumène nommé Xavier Dolan a réduit d'un coup en miettes cette prévention. Enervée et provocatrice, intelligente et malséante, forte de l'effervescence de la jeunesse, son oeuvre, d'emblée mise en valeur par le Festival de Cannes, a aussitôt été repérée comme un phénomène à suivre. Il faut dire que le trajet est impressionnant. Premier long-métrage à 20 ans, d'inspiration ouvertement autobiographique, sur la relation conflictuelle et fielleuse entre un adolescent homosexuel et sa mère (J'ai tué ma mère, 2009). Le film divise mais fait beaucoup parler de lui. La promesse est rapidement suivie d'une confirmation, celle des Amours imaginaires (2010), sorte de Jules et Jim de notre temps, pop, métrosexuel et enlevé.

Avec Laurence Anyways, Dolan présente son projet à ce jour le plus ambitieux. Une histoire de passion amoureuse déchirée dont l'action, qui dépasse les deux heures trente, se déroule sur une dizaine d'années, de la fin des années 1980 à l'aube du XXIe siècle. La belle affaire, dira-t-on, après Ingmar Bergman et Jean Eustache.


Précisons : il y a bien une femme et un homme qui s'aiment, mais l'homme, un beau matin, veut devenir une femme. Problème. Lucidement formulé par la femme, effondrée, lorsque son partenaire lui avoue sa décision : "Tout ce que j'aime de toi, c'est ce que tu détestes de toi." Mais l'altérité transgenre n'est ici que le cache-sexe, pour ainsi dire, d'une problématique plus classique : la capacité d'un couple, qui se veut naïvement sans limites, à surmonter ce qui borne son désir. Le motif de la transsexualité devient ainsi une sorte de figuration littérale de la définition lacanienne de l'amour : donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas.


Le film qui en ressort est un monstre déconcertant. D'un côté, la fuite baroque, le goût du kitsch, le scintillement de l'esthétique queer, la dramaturgie court-circuitée en même temps qu'intensifiée par un flot musical omniprésent (de The Funeral Party de The Cure jusqu'à la "Cinquième" de Ludwig Van Beethoven). De l'autre, un bon vieux mélo des familles, qui ne déroge pas aux canons : primat du romanesque, exposition limpide du conflit, respect du déroulement narratif, dialogues ciselés, morceaux de bravoure pathétiques. Tout démarre en 1989, par l'évocation d'un jeune couple branché qui tire de son aisance à défier les convenances le carburant d'une passion dévorante. Fred (Suzanne Clément), tempérament de feu, est scripte dans le milieu du cinéma, Laurence (Melvil Poupaud), funambule mélancolique, enseignant en littérature à l'université. Les deux personnages portent, du moins au Québec, un prénom mixte, à l'unisson d'une époque qui lâche du lest sur la définition bio-sociale des rôles et des genres.


C'est de là, logiquement, que vient la faille. Une chose est de cultiver le brouillage des identités, y compris sexuelles, une autre de vouloir en changer. Confronté à cet ultime tabou, qui vaut à Laurence son exclusion sociale, le couple est mis à l'épreuve. Laurence, honnête vis-à-vis de son désir, se transforme en femme mais pense que tout est encore possible entre eux. Fred, à laquelle est imposée cette métamorphose, veut croire qu'elle s'en accommodera mais présume de son propre désir. Le mouvement du film prend dès lors la forme tragique d'un impossible amour, d'une élégie qui prolonge sur dix années de ruptures et de retours l'agonie d'une passion vouée à un destin fantomatique.


Les deux rôles principaux jouent une partition contrastée

A côté de personnages secondaires particulièrement bien campés (Nathalie Baye parfaite en mère détruite de Laurence, Monia Chokri électrisante en soeur lesbienne qui dispute à Fred le monopole de l'altérité familiale), les deux rôles principaux jouent une partition contrastée.

 

Abattage maximal, un rien épuisant, pour Suzanne Clément, détermination tout en finesse et retenue pour Melvil Poupaud. Si l'acteur français y gagne, à n'en pas douter, le plus beau rôle de sa carrière, le film y perd en revanche une part de sa puissance. La sérénité et le minimalisme du jeu de Poupaud, destinés à naturaliser son personnage dans le cadre d'une peinture d'un couple de notre temps, ont en même temps pour effet d'étouffer le trouble et la complexité de la différence qu'il revendique. Laurence demeure, aux yeux du spectateur, un garçon charmant qui se déguise en fille, sans que rien du vertige intérieur qui détermine cette mutation ne semble affecter sa relation au sexe, à l'amour ni au monde.


Quelques films récents - on pense notamment à Tiresia (2003) de Bertrand Bonello, Wild Side (2004) de Sébastien Lifshitz, ou Mourir comme un homme (2009) de Joao Pedro Rodrigues - ont apporté sur le sujet une profondeur, une ambiguïté et une sensualité autrement plus déstabilisantes.


Il y a sans doute, de la part de Xavier Dolan, une certaine naïveté à réduire ainsi le personnage de Laurence au rôle de fer de lance d'une campagne contre la normativité sociale. Du moins, ce romantisme juvénile, associé à la grâce pimpante de sa mise en scène, offrent-ils une raison très valable d'apprécier le film et d'espérer en la maturité d'un auteur qui va aussi vite en besogne.

 

 

Melville Melvil Poupaud dans une scène du film franco-canadien "Laurence Anyways" de Xavier Dolan. Melville Melvil Poupaud dans une scène du film franco-canadien "Laurence Anyways" de Xavier Dolan. | © MK2 Diffusion

 

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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 07:16

Holy motorsHOLY MOTORS
Film français de Leos Carax avec Denis Lavant, Michel Piccoli, Jean-François Balmer, Eva Mendes, Kylie Minogue... (1h55)
De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos?

 

Holy Motors : Leos Carax invente la machine à rêves 

Après des années de silence et ces maudits Amants du Pont-Neuf qui lui collent à la peau, Leos Carax signe son grand retour avec Holy Motors, une machine cinématographique folle, visuelle et poétique, vrombissant tel un moteur de limousine...

 

Holy Motors - Denis LavantDe l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. A la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?

 

Un film muet projeté en noir et blanc dans une salle assoupie, endormie, une porte se dérobe, l'ombre de Carax plane, puis la machine s'emballe. Une vaste demeure, des enfants qui disent au revoir à leur père, une limousine, puis une loge... Denis Lavant prend place dans cette machinerie à rêves créée sur mesure par son metteur en scène fétiche, Leos Carax. En guise de chauffeur, Céline, une Edith Scob issue des Yeux sans visage de Georges Franju. Une voix, un port de tête altier, une autorité naturelle, c'est elle qui va conduire Oscar de dossier en dossier, de personnage en personnage.

 

Holy MotorsPuis, on croisera Jean, cette égérie sur laquelle Carax jettera un sinistre sort, le fantôme de Monsieur Merde issu du segment Tokyo !, la projection des égarés du Pont Neuf, une top-model voilée, et quelques autres personnages que Leos Carax met en scène dans cette île appelée cinéma, où les morts côtoient les vivants, au même titre que les bêtes et les machines. Tout ceci pour la beauté du geste. Avec ce personnage central, cet Oscar qui joue pour je ne sais qui, qui ne sait même plus s'il est filmé, si la caméra le suit, mais peu importe, la beauté, on dit qu'elle est dans l'oeil de celui qui la regarde. Alors, c'est stupéfait que le spectateur contemplera le spectacle d'un cinéma qui voudrait revivre. Et si les hommes ne semblent plus vouloir de moteurs, ni même d'action, on dit Amen à Leos Carax d'avoir su réveiller le génie qui sommeillait en lui. ENFIN.

 

Par Laure Croiset pour "toutlecine.com"


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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 07:18

Trishna TRISHNA
Film anglais de Michael Winterbottom avec Freida Pinto, Riz Ahmed... (vostf - 1h48)
De nos jours au Rajasthan, Trishna, une jeune paysanne indienne travaille pour son père. Issue d'un milieu défavorisé, elle fait la rencontre de Jay, un séduisant jeune homme fortuné. Charmé, il offre à Trishna de travailler en tant que serveuse dans son hôtel de luxe. Devenus amants, ils vont alors se plonger dans une passion amoureuse, contaminée par une lutte des classes omniprésente.

Trishna ou la tragédie d'être femme 

 Michael Winterbottom choisit d'adapter très librement le roman de Thomas Hardy, Tess d'Uberville. Il transpose l'action qui se déroulait dans l'Angleterre du 19e siècle, dans le Rajasthan d'aujourd'hui. Ce qu'il gardera, c'est la passion destructrice, causée par deux environnements qui s'opposent et dont sont issus chacun des deux héros.

 

TrishnaTrishna commence comme un film de Bollywood. Une jeune femme de pauvre condition, se laisse séduire par un homme aisé, qui la couvre de cadeaux et l'aime éperdument. Film Bollywood, Trishna l'est, en effet, par plusieurs aspects, non seulement le schéma narratif, mais également la présence de la danse, la bande originale indonisante tout ça sur fond de lutte des classes.

 

TrishnaMais après nous avoir installé dans le schéma confortable car connu et déjà expérimenté, Michael Winterbottom nous prend à revers, en déconstruisant ce qu'il vient de construire en même temps que le film Bollywoodien classique. C'est d'ailleurs ce qu'il fera tout au long du film, ne se reposant jamais sur les codes pré-établis, mais mettant en place une intrigue toujours en mouvement. L'on croit assister au récit de la naissance d'une histoire d'amour, quand il se révèle finalement être fable tragique sur les rapports entre hommes et femmes, aussi bien que sur la dépendance sentimentale que matérielle.

 

TrishnaTrishna nous entraîne dans les méandres des dégâts que peut causer une passion, jusqu'à l'ultime. Il est aussi l'exposé de la domination mâle, possible dans un pays où la femme est considérée comme un investissement. Le personnage de Jay, vit dans l'ombre de son père et considère Trishna comme son projet personnel. D'abord symbole de pureté elle deviendra plus tard la révélatrice de ses erreurs. La frustration, muette pour Trishna, qui ne peut en tant que produit de son environnement, les exprimer clairement, et destructrice pour Jay qui, lui ne sait les taire, murira lentement jusqu'à l'explosion. Nos attentes, sont constamment défiées, par l'accumulation de plusieurs points de tension, jusqu'à celui culminant, qui tombe comme un couperet, net et tranchant et fera de Trishna la martyre représentative du sort des femmes au sein de sociétés conservatrices.

 

Par Camille Esnault

 

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 07:18

Les femmes du bus 678 LES FEMMES DU BUS 678
Film egyptien de Mohamed Diab avec Nelly Karim, Bushra Parwani, Nahed El Sebaï... (2011 - vostf - 1h40)
Fayza, Seba et Nelly, trois femmes d'aujourd'hui, aux vies totalement différentes, s'unissent pour combattre le machisme impuni qui sévit au Caire dans les rues, dans les bus et dans leurs maisons. Déterminées, elles vont dorénavant humilier ceux qui les humiliaient. Devant l'ampleur du mouvement, l'atypique inspecteur Essam mène l'enquête. Qui sont ces mystérieuses femmes qui ébranlent une société basée sur la suprématie de l'homme ?

 

Histoire vraie

 

Les Femmes du bus 678Le réalisateur Mohamed Diab s'est inspiré de l'histoire de Noha Rushdi, première femme à avoir intenté un procès pour harcèlement sexuelle, en 2008. «Je me suis beaucoup inspiré du procès de Noha Rushdi pour la partie du film concernant le personnage de Nelly : la scène de harcèlement proprement dit est très proche de celle qui s’est passée dans la réalité», explique-t-il.

 

Le harcèlement en Égypte

 

Les Femmes du bus 678Le cinéaste ne pensait pas que le harcèlement en Égypte était d'une telle ampleur, devenu même un geste du quotidien : «Toutes les femmes égyptiennes connaissent cela, et elles préfèrent se taire, cela fait partie de la vie. Si une femme se plaint dans un bus, ce sont parfois les autres femmes qui la poussent au silence : « Comment, tu te crois supérieure à nous ? »», avoue-t-il.

 

 

Un succès considérable

 

Les Femmes du bus 678Les Femmes du bus 678 est sorti sur 45 copies avant la Révolution en Égypte et a engrangé 2 millions de dollars. De plus, le débat qu'il a provoqué a été énorme. «Tout le monde ne parlait que du harcèlement, certains pour continuer à nier la situation, d’autres pour se féliciter que les mentalités évoluent enfin... J’ai été la cible de plusieurs procès. [...] Et deux jours avant la Révolution, une loi est passée officialisant enfin le délit de « harcèlement sexuel » - jusque-là, on se contentait du mot agression...», raconte le metteur en scène.

 


 

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 08:01

La part des anges LA PART DES ANGES
Comédie satirique anglaise de Ken Loach avec Roger Allam... (vostf - 1h46)
A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d'une peine de travaux d'intérêts généraux. Henri, l'éducateur qu'on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement... à l'art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d'identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent...

La Part des Anges de Ken Loach : la vérité est dans le whisky ! 

 Ken Loach, avait remporté la palme d’or en 2006 avec son déchirant Le Vent se lève, sur la guerre d’indépendance irlandaise. Il revient cette année présenter La Part des Anges qui nous plonge toujours dans une satire sociale, mais où les rires remplacent les larmes.

 

La Part des anges - Paul BranniganLa part des Anges ce sont ces 2% d’alcool, qui s’évaporent des distilleries et que personne ne pourra jamais gouter, à part les anges bien-sûr. Robbie, jeune écossais qui accumule les ennuis, trouve cette notion assez poétique et s’accroche alors à l’idée folle, que son salut, il le trouvera dans la distillerie d’alcool, de whisky plus précisément. Il vient d’une banlieue de Glasgow, où les jeunes n’ont pas un grand choix d’avenir. Tout juste papa, sa seule ambition est de se tenir loin de la violence et des substances illicites. Incarcéré pour, sous l’emprise de drogue, avoir battu, presque à mort, un homme, il trouvera, chose ironique, son absolution, dans le business d’un autre produit addictif.

 

La Part des anges - Jasmin RigginsLe long-métrage commence par une scène absolument hilarante, qui nous introduit à Albert, personnage secondaire par qui passera la comédie, qui habite tout le récit. Le film n’est alors jamais alourdi par cet arrière plan social, celui d’une jeunesse écossaise sans perspective d’avenir, qui n’a que la violence et les substances narcotiques pour occuper son quotidien. Cette peinture sociale d’une Grande-Bretagne qui a perdu ses illusions, thème qui traverse le cinéma de Ken Loach, est malgré tout bien présente dans le film. C’est en traitant ce thème que le réalisateur offre un des plus beaux moments, la confrontation entre Robbie et l’homme qu’il a agressé et dont il a détruit la vie. Tout le poids d’un environnement auquel cette jeunesse ne peut pas échapper s’abat sur l’écran.

 

La Part des anges - William Ruane, Paul Brannigan, Lorne MacFadyenEchapper à son environnement, à la vie à laquelle il l’oblige, c’est ce qui guidera Robbie et les autres personnages tout au long du film. Ken Loach maîtrise son sujet en même temps que sa mise en scène comme toujours, mais s’égare par moments dans des scènes un peu consensuelles, tirant par exemple vers le film à suspense. Son final est également un peu convenu et manque de souffle, comme c’est le cas de la deuxième partie de son long-métrage qui abandonne un peu les personnages et l’intrigue, comme pressé d’en finir. C’est dommage on aurait bien passé un peu plus de temps avec ces personnages si bien présentés dès les premières minutes du film et incarnés par des acteurs jamais caricaturaux.

 

Par Camille Esnault pour "toutlecine.com"


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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 07:46

Patrick Huard dans le premier rôle de «Starbuck», de Ken Scott

Patrick Huard dans le premier rôle de «Starbuck», de Ken Scott DR.

Pour Ken Scott, réalisteur de "Starbuck", très beau divertissement qui explore la paternité «La paternité, c'est une comédie dramatique en soi»...

Starbuck raconte l’l’histoire d’un type de 42 ans, David Wosniak, éternel adolescent qui travaille dans la boucherie familiale. Un beau jour, on lui apprend qu’à l’époque où il avait donné du sperme pour se faire un peu d’argent, il y a eu un problème à la clinique… Il se retrouve père de 533 enfants. 533 enfants qui ont entamé une procédure pour connaître le nom de leur père. Et cette nouvelle intervient juste quand la copine de David, Valérie, lui apprend qu’elle est enceinte. Entretien avec le réalisateur, Ken Scott.


«Starbuck», ça évoque davantage un film sur le café qu’un film sur la paternité…
Le titre vient d’un taureau, qui s’appelait Starbuck, qui a fait «carrière» au Québec dans les années 80: il avait ensemencé 75% de toutes les vaches Holstein en Amérique du Nord. Il a engrangé grâce à son sperme des dizaines de millions de dollars. Le titre est un clin d’œil à ce taureau, mais l’idée vient de mon coscénariste, Martin Petit, qui avait eu l’idée d’un géniteur qui se retrouverait avec plein d’enfants. On avait le sentiment que c’était de bonnes prémisses pour faire de la comédie et explorer le thème de la paternité.

 

Pourquoi ce thème vous intéressait ?
Je suis papa trois fois, Martin deux fois, et on entame la quarantaine donc on a l’impression d’être très entourés de jeunes parents. On avait beaucoup à dire sur le sujet. Mais surtout nous avions le sentiment que la paternité a beaucoup changé ces dernières années. Les pères prennent des congés parentaux, pour être plus présents auprès de leurs enfants. Il y a un changement qui s’opère dans la société, c’est un sujet de débat que nous voulions traiter de façon ludique et honnête.


En choisissant un homme qui travaille avec son père, et dont les 533 enfants sont des ados ou de jeunes adultes, vous avez abordé les différentes générations. Pour montrer l’évolution?
Le film a été structuré pour qu’il y ait une histoire, mais on est toujours dans une situation où des pères sont là, David se retrouve géniteur de 533 enfants, sa femme tombe enceinte, son ami avocat est père, on traite la relation de David avec son père... Ce n’est pas un jugement sur une façon ou une autre d’être, mais vraiment une exploration de la paternité.


Dans une scène, David dit à sa copine Valérie, qui vient d’accoucher d’un enfant de lui, que ce n’est pas à elle de décider s’il est le père. Il l’est, un point c’est tout. C’est une revendication forte…
C’est la phrase clé du film. Prise hors contexte, elle pourrait choquer car c’est une affirmation que l’on pourrait percevoir comme allant à l’encontre des droits de la femme. Mais quand on a vu le film, vu tout ce que David a vécu, on comprend ce qu’il ressent, cette revendication de faire partie de la vie de l’enfant, d’être reconnu de plein droit. Il y a quelque chose là d’assez nouveau et qui se retrouve chez les gens que l’on voit en société, qui nous entourent. Les pères revendiquent de plus en plus leur légitimité. Je ne crois pas que cette nouvelle affirmation du père soit contre la mère. Au contraire. La mère a une place importante d’emblée, on lui donne sans jamais se poser de questions. Mais il y a de la place pour un père aussi, et les nouveaux pères veulent le faire savoir. Il y a aujourd’hui plein de situations dans les couples, avec le divorce, les recompositions, plein de configurations sont possibles. Mais ce n’est pas une raison pour nier la paternité, pas simplement matérielle, mais affective.


Mais ce n’est pas du tout un film théorique. On rit surtout en permanence. Pourquoi le choix de la comédie plus qu’un autre genre?
C’était organique, parce que la paternité, c’est une comédie dramatique en soi, faite de moments d’émotions, de moments drôles, de moments moins glorieux. Donc le ton du film correspond vraiment à la thématique.


Le film a été acheté à travers le monde. Alors que l’on aurait pu croire à une exploration plutôt occidentale…
C’est très étonnant, en Chine ou au Japon, où le film a été acheté, le rapport au père, aux parents, est très différent. L’Inde a aussi acheté les droits pour un remake. Mais ce qui est sûr c’est que la question de la paternité est très vive dans nos sociétés occidentales. Au Québec, dans le passé, il y a eu beaucoup de films sur l’absence du père, sur les crises par manque de père. Je crois qu’à l’avenir il y aura beaucoup de films sur l’omniprésence des pères. Où les enfants se demanderont «mais pourquoi tu es tout le temps là?!»

 

Propos recueillis par Charlotte Pudlowskipur "20minutes.fr"
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