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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 08:36

Party GirlPARTY GIRL
Comédie dramatique de Marie Amachoukeli, Samuel Theis, Claire Burger avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis...(1h35)
Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.

Party Girl : un portrait de femme en forme d'ode à la vie 

 Party Girl était reparti avec la Caméra d'or et le prix Un Certain regard au dernier Festival de Cannes. Un prix en forme de récompense d'un certain cinéma-vérité qui ne transige pas avec le réel en proposant un portrait de femme en forme d'ode à la vie.

 

Party GirlParty Girl, c'est le portrait d'une mère par son fils. Cette mère, c'est Angélique Litzenburger et ce fils, c'est Samuel Theis. Le portrait n'est pas conventionnel à l'image de celle qui en est au centre. Angélique est une femme de la nuit, qu'elle passe à séduire les hommes qui défilent dans un des nombreux cabarets installés à la frontière allemande, à danser aussi, à fumer, trop, à boire, trop. Pendant ce temps elle ne peut être mère des quatre enfants qu'elle a pourtant mis au monde et élevés, aimés à sa manière.

 

Party GirlSi Samuel Theis, son fils cadet (il a un frère plus âgé et deux soeurs plus jeunes), filme sa mère, ce n'est ni pour juger ses actes, ni l'absoudre de ces derniers et faire un portrait idéalisé de cette femme dont il semble follement amoureux, on le voit à la façon de poser sa caméra sur elle, mais simplement montrer et inscrire ainsi son film dans une logique de cinéma-vérité. Cette vérité qui n'est jamais donnée de but en blanc, qu'il faut aller chercher, qui n'est jamais non plus monolithique, mais protéiforme et insaisissable, à l'image du personnage d'Angélique. La femme est trop libre pour rester aux côtés de ses enfants qu'elle aime pourtant à la façon d'une mère, comme elle est trop insoumise pour laisser derrière elle sa vie nocturne et vivre au grand jour aux côtés d'un seul homme qui lui offre le mariage comme la seule issue possible. Mais la liberté, Angélique la trouve dans les bras et les regards de plusieurs hommes.

 

Party GirlAssocié à Marie Amachoukeli et Claire Burger, Samuel Theis, en plus de tracer un portrait en creux de cette mère, avec qui il possède un lien indestructible, même alors qu'il en est éloigné géographiquement, explore l'impossibilité humaine de se séparer de ses mécanismes. Même l'autre, même l'amour, même l'obligation, n'y changeront rien, Angélique restera cette party girl, puisqu'elle l'a toujours été, puisque traîner dans les rues, danser dans les bars dès l'aube, a toujours été sa façon de fonctionner et s'est instauré en système inébranlable. Tout comme ce besoin de se voir dans les yeux de l'autre, de s'y trouver constamment et ainsi être sûr de son existence. Pas de fin heureuse pour les réalisateurs, mais seulement une célébration de la femme à travers la figure d'Angélique, en même temps qu'une ode à la vie, loin de celle du commun des mortels loin de celle que l'on imagine pour sa mère, mais une vie bien encrée dans le réel et dans la joie. On quitte Angélique fidèle à ce qu'elle est, en posant sur elle le même regard que celui de son fils, tendre, aimant, en même temps que rempli de milliers de regrets et de cette tristesse qui ne quittera jamais les beaux yeux bleus d'Angélique.

 

Par Camille Esnault

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