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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 07:14

Affiche du film Le voleur de lumiere

LE VOLEUR DE LUMIERE
Film kirghiz de Aktan Arym Kubat avec Aktan Arym Kubat, Taalaikan Abazova, Askat Sulaimanov... (2010 - vostf - 1h16)


On l'appelle Monsieur Lumière. Dans ce village perdu au milieu des montagnes Kirghizes, il entretient les lignes, trafique parfois les compteurs pour venir en aide aux plus démunis. Cœur ouvert et généreux, il écoute, conseille, conforte les peines et tempère les disputes conjugales. Il est en fait le dernier maillon d'un système totalitaire et devient celui qui fait le lien entre les problèmes géopolitiques du monde post-soviétique et les villageois oubliés par la civilisation moderne. Il ne leur apporte pas seulement l'électricité mais aussi la lumière de l'amour, de la vie et surtout du rire.

 

 

A travers ses deux derniers films, Le Fils adoptif et Le Singe, Aktan Arym Kubat explorait les thèmes de l’enfance et de l’adolescence. Présenté lors du dernier Festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, Le Voleur de lumière se veut un film moins personnel que ses précédentes créations, mais tout aussi truffé d'humanité et d'espérance.

Monsieur Lumière (« Svet-ake ») est un électricien généreux vivant dans un village irréel, perdu au milieu des steppes du Kirghizstan. Il arrive à trafiquer parfois les compteurs pour venir en aide aux plus démunis. Mais la compagnie nationale d’électricité est promptement alertée par les employés et Monsieur Lumière devra faire face à des hommes puissants et corrompus qui sont les nouveaux maîtres du pays.

 

Kubat propose une vision tendre et optimiste du Kirghizstan, à l’image de son personnage principal incarné par le cinéaste lui-même et servie par une magnifique photographie où la lenteur des plans laisse au spectateur le soin de contempler des paysages sublimes. Aussi, grâce à des acteurs majoritairement non professionnels, affleure un réalisme intense.

 

De surcroît, le scénario, assez riche en rebondissements, donne des informations d’ordre politique sur ce qui se passe dans ce pays de l'ex-URSS -proclamé indépendant en 1991 et dirigé aujourd’hui par un dictateur ennemi de son peuple, mais de façon lointaine et métaphorique où la lumière symbolise l'espoir de ce pays. Face à ces tribulations, Monsieur Lumière, tel un grand visionnaire, a un rêve : celui de construire sur les montagnes des éoliennes pour alimenter toute la vallée en électricité. De fait, cet homme généreux peut être perçu tel un médiateur entre les habitants du village laissés pour compte et les hommes au pouvoir.

 

Au final, on retiendra du Voleur de lumière un film éblouissant, qui met en lumière un pays trop peu considéré dans l'univers cinématographique international, dont la beauté et l'humour populaire réussissent haut la main à faire chavirer nos coeurs.

 

Par Christelle Viero

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 06:49

 

Affiche du film RevengeREVENGE
Film danois de Susanne Bier avec Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen... (2010 - vostf - 1h51)


Anton est médecin. Il partage son existence entre son foyer installé dans une ville paisible du Danemark, et son travail au sein d'un camp de réfugiés en Afrique. Il est séparé de sa femme, Marianne, et tous deux songent à divorcer. Leur fils aîné, Elias, âgé d'une dizaine d'années, se fait brutaliser à l'école par certains de ses camarades, jusqu'au jour où un autre garçon, Christian, décide de prendre sa défense. Ayant quitté Londres avec son père pour s'installer au Danemark, Christian est profondément marqué par le décès récent de sa mère, terrassée par un cancer. Des liens étroits se tissent bientôt entre les deux camarades. Mais quand Christian implique Elias dans un acte de vengeance particulièrement risqué où des vies humaines sont en jeu, leur amitié s'en trouve durement éprouvée. Dans des mondes que tout oppose, ces enfants et leur famille seront appelés à faire des choix difficiles, entre vengeance et pardon.

 

 

 

Valeur sûre au Danemark, dont les films ( Brothers, The One and Only, Open Hearts) côtoient souvent le box office, Susanne Bier s’impose de plus en plus sur la scène internationale. La preuve : Revenge vient d’empocher l'Oscar du meilleur film étranger. Une récompense méritée pour un film bouleversant, qui n’est pas sans rappeler un Haneke, par son traitement de la violence qui ronge nos sociétés.

 

Refus de la violence

Elias et Christian sont l’opposé l’un de l’autre. Le premier, timide et peureux, se fait brutaliser à l’école tandis que le second, issu d’une famille aisée et habitué des rituels qui accueillent les nouveaux, refuse de se laisser faire. Sauvant Elias de la brute des cours de récré, les deux garçons d’une douzaine d’années se lient rapidement d’amitié, et fréquentent ainsi leurs familles respectives. Celle d’Elias est sur le bord du divorce après l’infidélité du père, Anton ( Mikael Persbrandt), médecin qui navigue entre son lieu de travail, un camp de réfugiés en Afrique, et les maisons calmes du bord de mer, au Danemark. Quant à Christian, dont la mère a succombé au cancer, il reproche à son père d’avoir abandonné toute résistance face à la maladie.

 

Car prendre sa revanche, ici, figure comme un acte de résistance à une violence quotidienne devenue intolérable. Force des petits chefs des cours de récré, ou du « grand homme » du village africain, la violence fait aussi partie du racisme ordinaire entre suédois et danois, et figure comme la seule manière de régler les conflits, en refusant l’humiliation. Les barrières de la morale paraissent bien faibles, même lorsque Anton tente d’enseigner aux enfants, en se prêtant avec humilité au jeu, que le ridicule porte sur celui qui se sert de ses poings, et non du dialogue. Pourtant, même le médecin se prendra au piège, livrant à une foule meurtrie le corps malade d’un tyran local.

 

L’utopie du pardon

Christian (belle interprétation du jeune William Johnk Nielsen), bonhomme aux allures de gentleman britannique, entraîne alors son jeune complice dans un jeu de massacre, déterminé à venger l’affront fait à Anton par un garagiste brutal. L’enfant, doué, construit une bombe pour faire exploser une voiture, mais le plan vire au drame et Elias est blessé. Sa mère, en pleurs, l’accusera de l’avoir tué, pour finalement lui accorder son pardon et rétablir la vérité. Un simple mot qui semble sauver une humanité au bord du chaos : la moralité est vacillante, et l’usage de la force, spontanée, supérieure, semble si fréquente qu’elle s’immisce dangereusement dans la normalité et les habitudes. Le constat dressé par la réalisatrice est terrible, et malgré une fin salvatrice, l’ensemble paraît sur le point de s’effondrer.

 

Sobre et émouvant, Revenge offre quelques instants de répit pour s’attarder sur les doutes des personnages, et le combat intérieur que chacun mène. Ne cherchant jamais à ancrer trop rudement son récit dans le temps et l’espace (on passe ainsi de l’Afrique au Danemark avec légèreté, sans plus de précision), les liens entre les différents personnages se révèlent peu à peu, sans afficher une volonté de tous les relier entre eux. Susanne Bier offre donc un film sensible, maîtrisé, et qui, malgré la lourdeur du sujet, semble porté par un souffle naturel.

 

Par Anne-Charlotte Waryn

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 07:02

 

Jimmy Rivière

JIMMY RIVIERE

Film français de Teddy Lussi-Modeste avec Guillaume Gouix, Béatrice Dalle, Hafsia Herzi, Serge Riaboukine... (1h30)

Jimmy Rivière est un jeune Gitan, solaire, nerveux, parfois trop.
Sous la pression de sa communauté, il se convertit au pentecôtisme et renonce à ses deux passions : la boxe thaï et Sonia. Mais comment refuser ce nouveau combat que lui propose son entraîneur ? Et comment résister au désir si puissant qui le colle à Sonia ?

Teddy Lussi-Modeste, réalisateur sorti de l'école de la Fémis, propose après plusieurs courts-métrage son premier long : Jimmy Rivière. Ayant obtenu le prix du public lors du festival Premiers Plans à Angers, ce film est l'occasion de découvrir la communauté des Gens du Voyage, à travers l'histoire de Jimmy, jeune homme qui hésite entre plusieurs chemins qu'il aimerait suivre.

SAMEDI 9 AVRIL à 17h

We want sex equality !WE WANT SEX EQUALITY
Comedie dramatique de Nigel Cole avec Sally Hawkins, Bob Hoskins, Miranda Richardson... (1h53)
Au printemps 68 en Angleterre, une ouvrière découvre que, dans son usine, les hommes sont mieux payés que les femmes. En se battant pour elle et ses copines, elle va tout simplement changer le monde...
Après Le Discours d’un roi, un nouveau film sur une portion d’histoire nous arrive d’Angleterre. Mais We Want Sex Equality ne dépeint ni les coulisses du pouvoir, ni l’amitié virile : les héros, ici, sont féminines, ouvrières, et militantes. Nigel Cole, qui verse d’habitude dans la comédie ( Calendar Girls, Saving Grace), nous conte la grève des employées de l’usine Ford à Dagenham. De quoi donner envie de ressortir les banderoles. Prix du Public et du jury au Festival de Dinard 2010.

LUNDI 11 AVRIL à 18h et 21h

LA MONGOLIE AVEC LES DERNIERS GRANDS NOMADES
Dans le cadre de "Connaissance du Monde" film et récit de Patrick Bernard
Aux confins des confins, il est un pays de steppes balayé par les vents. Une nature extrême qui ne tolère que l'éphémère présence des derniers grands nomades.
Patrick BERNARD se consacre ici à la découverte, à la connaissance et la défense des peuples racines. Il est allé à la rencontre de diverses familles nomades mongoles, dont il a su capter la confiance et la sympathie. Il nous invite à emboîter le pas et la vie des derniers fils du vent, un vent de liberté, des paysages époustouflants et l’intimité d’un peuple étonnant et attachant pour cette rencontre exceptionnelle avec le pays des derniers grands nomades

LUNDI 11 AVRIL à 14h30 et 18h

RevengeREVENGE
Film danois de Susanne Bier avec Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen... (2010 - vostf - 1h51)
Anton est médecin. Il partage son existence entre son foyer installé dans une ville paisible du Danemark, et son travail au sein d'un camp de réfugiés en Afrique. Il est séparé de sa femme, Marianne, et tous deux songent à divorcer. Leur fils aîné, Elias, âgé d'une dizaine d'années, se fait brutaliser à l'école par certains de ses camarades, jusqu'au jour où un autre garçon, Christian, décide de prendre sa défense. Ayant quitté Londres avec son père pour s'installer au Danemark, Christian est profondément marqué par le décès récent de sa mère, terrassée par un cancer. Des liens étroits se tissent bientôt entre les deux camarades. Mais quand Christian implique Elias dans un acte de vengeance particulièrement risqué où des vies humaines sont en jeu, leur amitié s'en trouve durement éprouvée. Dans des mondes que tout oppose, ces enfants et leur famille seront appelés à faire des choix difficiles, entre vengeance et pardon.
Valeur sûre au Danemark, dont les films ( Brothers, The One and Only, Open Hearts) côtoient souvent le box office, Susanne Bier s’impose de plus en plus sur la scène internationale. La preuve : Revenge vient d’empocher l'Oscar du meilleur film étranger. Une récompense méritée pour un film bouleversant, qui n’est pas sans rappeler un Haneke, par son traitement de la violence qui ronge nos sociétés.

LUNDI 18 AVRIL à 18h et 21h
Le Voleur de lumièreLE VOLEUR DE LUMIERE

 


Film kirghiz de Aktan Arym Kubat avec Aktan Arym Kubat, Taalaikan Abazova, Askat Sulaimanov... (2010 - vostf - 1h16)
Les pérégrinations d'un électricien dans les steppes kirghizes, en proie à la misère. Très vite il devient le seul lien entre ses désoeuvrés et l'État...
A travers ses deux derniers films, Le Fils adoptif et Le Singe, Aktan Arym Kubat explorait les thèmes de l’enfance et de l’adolescence. Présenté lors du dernier Festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, Le Voleur de lumière se veut un film moins personnel que ses précédentes créations, mais tout aussi truffé d'humanité et d'espérance.

 
LUNDI 25 AVRIL à 21h


Cirkus ColumbiaCIRKUS COLUMBIA

Bosnie-Herzégovie. Film de : Danis Tanovic avec Miki Manojlovic... (2010 - vostf - 1h50)
Bosnie-Herzégovine, 1991.
À l'effondrement du communisme, Divko revient dans son village après 20 ans d'exil à l'ouest en compagnie de la jeune et séduisante Azra qu'il compte épouser, le chat noir Bonny et les poches remplies de Deutschemarks. Il entend retrouver tout ce qu'il a laissé et plus particulièrement son fils Martin qu'il n'a jamais connu.
Mais personne ne s'attendait à son retour et Bonny ne semble pas se plaire dans ce nouvel environnement... Bref, en 20 ans, les choses ont quand même changé et le retour de Divko ne s'avère pas être celui auquel il rêvait.
Cirkus Columbia, c'est l'histoire de la Bosnie-Herzégovine avant la guerre qui a éclatée en 1992. Ce n'est pas la grande Histoire en somme, du moins pas encore. Danis Tanovic s'attarde plutôt sur le quotidien des habitants d'un village, dans lequel Divko revient après 20 ans d'exil. Mais, progressivement, ce quotidien commence à être bouleversé par les histoires intimes ou collectives. Sans grande ambition affichée, ce film est pourtant une petite perle.

LUNDI 2 MAI à 21h

Si tu meurs, je te tue

 

SI TU MEURS, JE TE TUE
Film franco-kurde de Hiner Saleem avec Jonathan Zaccaï... (2009 - vostf - 1h28) 

 
Philippe vient de sortir de prison et rencontre Avdal, un kurde. Les deux hommes se lient d'amitié. Avdal, qui rêve de rester en France, a prévu de faire venir à Paris sa fiancée, Siba. Soudain, Avdal meurt.
Philippe se retrouve seul à devoir s'occuper de ses funérailles. Mais Siba arrive à Paris et fait la connaissance de Philippe... 
Le cinéaste kurde se hasarde sur le terrain de l'absurde et de la comédie avec ce film à l'image de son héros, Philippe : charmant et intrigant.  

LUNDI 9 MAI à 21h


PinaPINA
Documentaire allemand de Wim Wenders. (2099 - vostf - 1h43) 
Un film dansé, porté par l'Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l'art singulier de sa chorégraphe disparue à l'été 2009. Ses images nous convient à un voyage au coeur d'une nouvelle dimension, d'abord sur la scène de ce légendaire Ensemble, puis hors du théâtre, avec les danseurs, dans la ville de Wuppertal et ses environs - cet endroit dont Pina Bausch a fait son port d'attache durant 35 ans et où elle a puisé sa force créatrice.
Une expérience sensorielle intense et unique confrontant le langage cinématographique à la force émotionnelle du regard de Pina Bausch. A vivre pleinement.
LUNDI 16 MAI à 21h


Hahaha

HA HA HA

 

Corée du Sud, film de Hong Sang-Soo Hong avec Sang-Kyung Kim (2010 - vostf - 1h56)


Un réalisateur coréen émigré au Canada revient en Corée du Sud et rencontre un ami critique de cinéma. Ils rencontrent une jeune femme...

 Hong Sang-soo a le vent en poupe. Son dernier film a reçu le Prix «Un Certain Regard» à Cannes. Une récompense amplement méritée pour un film majeur.   

 
LUNDI 23 MAI à 21h

 

 

 

 

 

 

 

 


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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 18:37

Affiche du film We Want Sex

 

WE WANT SEX EQUALITY
Comedie dramatique de Nigel Cole avec Sally Hawkins, Bob Hoskins, Miranda Richardson... (1h53)

 


Au printemps 68 en Angleterre, une ouvrière découvre que, dans son usine, les hommes sont mieux payés que les femmes. En se battant pour elle et ses copines, elle va tout simplement changer le monde...
Partant de la condition des ouvrières pour ancrer finalement leur combat dans l'Histoire du pays, "We Want Sex Equality" est une ode au courage de défendre ses convictions et doit beaucoup à son actrice principale, Sally Hawkins, formidable de naturel et d'authenticité.
Prix du Public au Festival de Dinard 2010. Prix du Jury au Festival de Dinard 2010.

 

Après Le Discours d’un roi, un nouveau film sur une portion d’histoire nous arrive d’Angleterre. Mais We Want Sex Equality ne dépeint ni les coulisses du pouvoir, ni l’amitié virile : les héros, ici, sont féminines, ouvrières, et militantes. Nigel Cole, qui verse d’habitude dans la comédie ( Calendar Girls, Saving Grace), nous conte la grève des employées de l’usine Ford à Dagenham. De quoi donner envie de ressortir les banderoles.

 

 

L’armée des jupons

We Want Sex Equality - Miranda Richardson, Sally Hawkins, Andrea Riseborough, Jaime WinstoneAu printemps 1968, tandis que l’on découvre dans les ménages les premières télévisions en couleur, et que l’on paye son frigo à crédit, les ouvrières de Ford décident de se mettre en grève. Pendant trois semaines, elles refusent de coudre les banquettes de la voiture américaine, pour protester contre leur déclassement et, rapidement, réclamer un salaire au moins équivalent à celui des hommes. La fiction, « inspirée d’un fait vrai », projette Sally Hawkins (la trentenaire délurée du Be Happy de Mike Leigh) dans le rôle de Rita, une mère de famille ordinaire, qui, rapidement, ridiculisera tous les machos, patrons et délégués syndicaux compris.

 

Avec beaucoup d’humour, Nigel Cole retrace les débuts hésitants de cette première grève « 100 % féminine », qui provoque un branle-bas de combat dans le siège social de l’entreprise. Car si les patrons les payent moins « parce qu’ils le peuvent », l’insurrection des jupons est dangereuse : quoi, accorder aux femmes le même salaire qu’aux hommes ? Hérésie ! Un représentant américain s’envole alors pour le royaume et, bien qu’il tente de briser le mouvement en jouant sur les points faibles, les « révolutionnaires en mascara » résistent aux avances. Redoublant de culot, agaçant les hommes qu’elles poussent, malgré elles, au chômage technique, elles iront jusqu’à marcher sur Westminster, et rencontrer Barbara Castle, ministre du Labour au pouvoir, première femme avant Thatcher à exercer autant de responsabilités politiques.

 

 

Portraits de femmes

We Want Sex Equality - Nicola Duffett, Geraldine James, Miranda Richardson, Sally Hawkins, Andrea Riseborough, Jaime Winstone, Lorraine StanleyTravail égal, salaire égal : « c’est un droit, pas un privilège ». Une vérité finalement admise, comme le rappelle les images d’archives. Néanmoins, si les ouvrières sont au premier plan du film, la condition féminine de l’époque est retranscrite au travers des différentes couches sociales. Les couturières qui, chevauchant leurs bicyclettes, débarquent en meute à l’usine, ne sont pas si éloignées de la femme cultivée du directeur, ou de la ministre qui intimide, par sa poigne, ses propres assistants. Balayant les petits arrangements des délégués syndicaux, Rita s’imposera par ses discours et sa persévérance, rappelant au passage à son propre mari que son rôle ne se résume pas à élever les enfants. Malgré tout, la guerre des sexes est plus nuancée, et le réalisateur prend soin de glisser quelques portraits d’hommes qui soutiennent, en coulisses, la cause.

 

Maniant subtilement le sérieux du sujet et le comique de situation, les femmes peinant à dérouler leurs banderoles, Nigel Cole rend un joli hommage au « second sexe ». A tel point que le film, bien qu’ancré dans la période des Swinging Sixties, insuffle l’envie de chantonner des slogans … toujours d’actualité.

 

Par Anne-Charlotte Waryn

 

  

  

 

 

 

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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 07:35

Route Irish 
ROUTE IRISH

Film anglais de Ken Loach avec Mark Womack, Andrea Lowe, Trevor Williams... (2009 - vostf - 1h49)

 


En septembre 2004, Fergus (ancien des SAS) persuade son ami d’enfance Frankie (ancien para) d’intégrer son équipe d’agents de sécurité, à Bagdad, pour un salaire mensuel de 12.000 livres, non imposable. C’est leur dernière chance de “se faire du blé” dans cette guerre dont la privatisation va croissant. Ensemble, ils vont risquer leur vie dans une ville où règnent la violence, la terreur, l’impunité et l’avidité. Une ville par ailleurs inondée de milliards de dollars américains. En septembre 2007, Frankie meurt sur la “Route Irish”, la route la plus dangereuse de Bagdad. Fergus rejette l’explication officielle et, brisé par le chagrin, retourne à Liverpool où il entame sa propre enquête sur la mort de son alter ego.

  

Route Irish de Ken Loach

Route IrishHabitué de la Croisette, Ken Loach, marque son retour avec une œuvre à son image, engagée. A peine la projection terminée, les bougons se sont lâchés, balançant du Ken est fatigué, à côté de ses pompes, voire en méforme. Tout faux. Route Irish emprunte d'entrée de jeu la voie royale, celle qui colle aux semelles du cinéaste depuis toujours. Armé d'une caméra opérant au plus près, remuante, à fleur de peau des sensations éprouvées par les personnages, il perfore avec la baïonnette de son objectif les manipulations, magouilles et autres saloperies effectuées par des sociétés civiles britanniques opérant pour le gouvernement pendant la guerre en Irak.

 

En relatant les conséquences d'une mort, celle d'un mercenaire tombé au champ de bataille, la plaidoirie a tout d'une mine à fragmentation. L'explosion est multiple, ses dégâts dévastateurs. Paul Laverty, son scénariste de toujours, a imaginé les réactions de l'ami de la victime en apprenant la nouvelle, engagé comme lui dans les forces parallèles. L'homme va chercher a enquêter sur la disparition de son double, son frère de sang, de vie. On l'informe qu'il est décédé sur cette fameuse Route Irish, l'endroit le plus dangereux du territoire irakien. Qu'il a eu la malchance d'être au mauvais endroit, au mauvais moment. Il n'y croit pas. Creuse, fouille, remue ciel et terre, se fait justice.

 

En opérant à vif, à même les nerfs, le cinéaste s'attaque à la culpabilité, à la raison d'état, à l'immoralité en temps de guerre. Les soldats impliqués préfèrent s'engager dans des armées déguisées pour être mieux payés. Leur motif l'argent. Peu importe la Patrie. La torture infligée aux autres devient celle du personnage central. La sienne est intérieure, se fait peu à peu insoutenable. L'entraîne à mener des assauts qu'il ne soupçonnait pas être capable de conduire. Il souffre dans sa chair, dans ses entrailles en montant le puzzle du pourquoi du comment. Au fur et à mesure qu'il avance les masques tombent. Le sien aussi! D'autant qu'il se trouve au piège de l'amour.

 

Comme Doug Liman à sa manière mais avec un sens aigu de la persuasion, de la connaissance du terrain, le cinéaste accuse, dénonce la désinformation, les agissements des gouvernants, de ceux ayant choisis le camp du profit avec une entrée en guerre injustifiée. Si les deux sujets ont des similitudes, le traitement diffère. L'attaque de Loach est sanglante. Ken allume la mèche de sa bombe avec la science qui le caractérise. Il filme sa progression en évitant de laisser son propos partir en fumée. Il est aidé en cela par des acteurs gonflés, généreux, brut de décofrage, armés de vérité, celle qui fait mouche. Mark Womack est le premier à monter au front et tel Philippe Torreton dans Capitaine Conan, son côté bête blessée, prêt à tout impressionne.

 

Par Gwen Douguet

 

 

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 07:25

Affiche du film Winter s BoneWINTER'S BONE
Film américain de Debra Granik avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Isaiah Stone... (2010 - vostf - 1h40)

 


Ree Dolly a 17 ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa soeur dont elle s'occupe. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.

 

Grand Prix du Jury et du meilleur scénario au Festival de Sundance 2010 et Grand Prix du Festival de Deauville 2010. 

 

Une actrice au top

 

 Jennifer Lawrence commence à faire parler d'elle. Après de sulfureuses photos dans le nouveau numéro du magazine Esquire, elle serait pressentie pour les Oscars, grâce à sa performance dans Winter's Bone. Lawrence a failli ne pas décrocher ce rôle, car la réalisatrice, Debra Granik, craignait que sa beauté ne corresponde pas au personnage. Lawrence ne s'est pas découragée et s'est envolée aux aurores pour passer, à New York, une seconde audition. L'actrice originaire du Kentucky raconte : «Je crois que je ne me suis pas lavée, j'avais sûrement mauvaise haleine et j'avais probablement de la neige dans les cheveux, car c'était en plein hiver à Manhattan».

 

Plus vrai que nature !

 

Lawrence a réellement écorché un écureuil dans une scène où son personnage, Ree, montre à son cadet comment dépecer un animal. Elle a répété l'acte d'un des amis de son frère, quelques années auparavant. «Il l'a ouvert, et alors je suis partie en courant en le laissant terminer tout seul».

 

Winter's Bone

Lieux de tournage

 

La cinéaste a choisi de tourner dans les propriétés des riverains du Missouri, aux Etats-Unis. Pour s'assurer de ne pas les prendre au dépourvu durant le tournage, elle leur a proposé de lire le livre dont le film est adapté avant d'accepter de prendre part au projet.

 

 

Festivals et récompenses

 

Le film a été présenté en compétition au Festival du Film de Sundance en 2010, où il a remporté le Grand Prix du Jury ainsi que le Prix du Meilleur Scénario. Winter's Bone a également reçu deux prix au Festival de Berlin la même année, et s'apprête à être projeté au Festival du Film Américain de Deauville.

 

 

 

 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 07:29

Affiche du film Le choix de Luna

 

LE CHOIX DE LUNA
Film bosniaque de Jasmila Zbanic avec Zrinka Cvitesic, Leon Lucev, Ermin Bravo, Mirjana Karanovic... (2009 - vostf - 1h40)


Luna et Amar, jeune couple de Sarajevo, tentent de surmonter l'alcoolisme de ce dernier. Un jour, il croise un camarade d'armée converti au wahhabisme qui lui propose un nouveau travail pour lequel Amar doit s'isoler dans une communauté vivant comme au siècle passé, sous surveillance. À son retour, il est radicalement transformé. Luna ne le reconnaît plus. Alors que les blessures de la guerre continuent de la hanter, son amour pour son mari est-il assez fort pour accepter ses changements ?

 

 

Gros plan sur le film...

 

 

 Le choix de Luna est le deuxième long métrage de la réalisatrice Jasmila Zbanic, et encore une fois elle parle de l'après guerre, de famille qui essaye de se reconstruire, de surmonter les traumatismes de la guerre. Dans Sarajevo, mon amour (2006), il est question d'une femme et sa fille (née d'un viol) tentant de survivre avec les conséquences de la guerre.

 

Signification du titre

 

La réalisatrice explique que le titre original du film est Na Putu ce qui signifie en bosniaque «être en chemin vers quelque chose». Il a également une signification spirituelle servant à expliquer la recherche personnelle. Le terme Na Putu sert aussi de référence à la grossesse de la femme, puisqu'un bébé est sur le chemin de la naissance. Tous ces éléments sont présents dans le film Le choix de Luna.

 

Inspiration

 

Une fois chez des amis, un homme a refusé de serrer la main à Jasmila Zbanic, il a dit qu'il ne serrait pas la mains des femmes. La réalisatrice a appris par la suite que c'était un musulman salafiste, elle a donc décidé de faire des recherches à ce sujet. Et par la suite, ces jeunes gens sont devenus une source d'inspiration pour le personnage d'Amar dans Le choix de luna.


 

 

 

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 07:04

Affiche du film Le Quattro VolteLA QUATTRO VOLTE

Documentaire italie de Michelangelo Frammartino avec Giuseppe Fuda, Bruno Timpano, Nazareno Timpan...(2010 - vostf - 1h28)

 
Un vieux berger vit ses derniers jours dans un paisible village médiéval perché dans les montagnes de Calabre, à l'extrême sud de l'Italie. Il conduit ses chèvres sous des cieux désertés depuis longtemps par les villageois. Un jour, il meurt dans son lit entouré par ses chèvres qui assistent à son trépas. Un chevreau vient de naître. Nous suivons ses premiers pas, ses premiers jeux, jusqu'à ce qu'il prenne des forces et accompagne le troupeau au pâturage. Mais il s'égare, erre, et le soir venu va se blottir contre un sapin majestueux. Le sapin remue dans la brise de la montagne, puis change lentement au gré des saisons. Le quattro volte est une vision poétique des cycles de la vie et de la nature et des traditions demeurées intactes d'un lieu hors du temps.

  

 

Région la plus pauvre d’Italie, située à l’extrême sud du pays, la Calabre est très marquée par les coutumes ancestrales et a pour principale ressource l’agriculture. A travers le récit des derniers jours d’un berger, des premiers pas d’un chevreau au milieu du troupeau, et des différentes activités des villageois, Michelangelo Frammartino s’interroge sur ce qui constitue le monde au sens originel du terme : l’humain, le végétal, l’animal, le minéral, trouvant grâce au réalisateur une égale dignité.

 

Le Quattro Volte - Michelangelo FrammartinoAinsi est soulevée la question suivante : «Au cinéma, le personnage principal peut-il ne pas être un être humain ?» Le réalisateur, dans cette optique, s’intéresse d’abord au vieux berger, et à lui seul. Lorsque ce dernier meurt, un chevreau naît. A partir de ce moment-là, l’humain sera relégué à l’arrière-plan, comme élément de décor, et ce qui tient habituellement ce rôle à l’écran (nature, animaux) est ici mis en avant, devenant une étonnante découverte pour le spectateur de cinéma qui a fini par ne plus les voir.

 

Ni vraiment narratif ou documentaire, ce film brise les règles du cinéma, et surprend par une réalisation très simple, basée sur la répétition de points de vue identiques et de plans le plus souvent fixes, à des moments différents ; seules changent l’action, les couleurs et la lumière, évocations de la vie qui continue malgré un décor immuable, une terre séculaire. Parfois même une tache de couleur rouge ou violette apporte un peu de chaleur dans cette équilibre et ces tons froids. «Tout être possède une âme» dit le réalisateur, et il suffit de peu de chose pour donner à ces âmes la place qu’elles méritent : un chien dégageant une pierre pour permettre aux chèvres d’assister à la mort de leur berger ; un sapin, anonyme parmi d’autres sapins, se mettant soudain à vivre pour une fête au village.

 

Une belle leçon de cinéma que ce film revenant aux sources du monde en même temps qu’à celles du cinéma, et prouvant que même du sujet le plus simple, du traitement le plus sobre, peut naître une œuvre poétique et originale.

 

Par Julie Sejournet

 

 

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 06:55

Affiche du film IncendiesINCENDIES
Film canadien de Denis Villeneuve avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette...(2010 - 2h03)

 


Jeanne et Simon Marwan sont jumeaux. Au décès de leur mère, ils sont chargés de respecter les dernières volontés stipulées dans son testament. A leur grande surprise, Jeanne et Simon découvrent l'existence d'un père qu'ils pensaient mort, et d'un frère dont ils n'ont jamais entendu parlé. Alors que la jumelle est bien décidée à découvrir les secrets que cachait sa mère, son frère se montre davantage réticent. Mais leurs liens étroits vont les unir et tous deux vont aller au Moyen Orient, terre de leurs ancêtres, sur les traces de leur nouvelle famille.

  

La critique [evene]
La note evene : 4/5La note evene : 4/5
   par Fabienne Jacob

Un bureau de notaire, drôle décor pour une tragédie grecque. C’est pourtant là que commence ‘Incendies’, une adaptation de la pièce éponyme du dramaturge libano-canadien Wajdi Mouawad, véritable rock star d’un théâtre épique moderne.
Le film du Québecquois Denis Villeneuve est fidèle à la trame de la pièce. A la lecture du testament de leur mère Nawal Marwan (Lubna Azabal, figure incandescente de la mater dolorosa méditerranéenne), les jumeaux Jeanne et Simon découvrent que celle-ci désire être enterrée nue, face contre terre, pour dire sa haine pour leur père. Stupeur encore quand le notaire remet deux enveloppes à chacun des jumeaux. L’une, la lettre du père, pour Jeanne. L’autre, la lettre du fils, pour Simon. Ils ne savaient rien du père et n’avaient jamais entendu parler d’un frère… Un mystérieux legs, que Jeanne interprète comme le secret du mutisme dans lequel s’était cadenassée sa mère avant sa mort. Simon refuse de céder aux caprices de cette mère imprévisible, tandis que Jeanne s’envole vers le Liban sur les traces du passé douloureux de Nawal dans un pays déchiré par la guerre. L’ultime secret sera à la hauteur de la tragédie.
Sans avoir l’intensité de la pièce, le film restitue la violence d’un monde où le sang d’un accouchement n’est pas moins traumatisant que celui de la folie meurtrière des hommes. Certaines scènes donnent à voir, presque à toucher, le tragique, comme ces images longues, persistantes, d’enfants tondus dans un abri de fortune sur fond de Radiohead. Ou ces scènes entêtantes de personnages nageant dans une piscine. Comme pour se laver d’une souillure originelle.

 

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 07:49

 Affiche du film Meme la pluie MÊME LA PLUIE
Film espano-mexicain de Iciar Bollain avec Gael Garcia Bernal... (2010 - vostf - 1h44)


Sebastian, jeune réalisateur passionné et son producteur arrivent dans le décor somptueux des montagnes boliviennes pour entamer le tournage d'un film. Les budgets de production sont serrés et Costa, le producteur, se félicite de pouvoir employer des comédiens et des figurants locaux à moindre coût.
Mais bientôt le tournage est interrompu par la révolte menée par l'un des principaux figurants contre le pouvoir en place qui souhaite privatiser l'accès à l'eau courante. Costa et Sebastian se trouvent malgré eux emportés dans cette lutte pour la survie d'un peuple démuni; ils devront choisir entre soutenir la cause de la population et la poursuite de leur propre entreprise sur laquelle ils ont tout misé. Ce combat pour la justice va bouleverser leur existence.


L'idée, au départ, était de réaliser un film d'époque sur le conquête espagnole en Amérique latine. Puis, le jeu des poupées russes a commencé, et Même la pluie est devenu une mise en abîme du cinéma, et de l'histoire, les échos du passé se propageant jusqu'à la Guerre de l'eau de Cochabamba.

 

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