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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 18:37

Affiche du film We Want Sex

 

WE WANT SEX EQUALITY
Comedie dramatique de Nigel Cole avec Sally Hawkins, Bob Hoskins, Miranda Richardson... (1h53)

 


Au printemps 68 en Angleterre, une ouvrière découvre que, dans son usine, les hommes sont mieux payés que les femmes. En se battant pour elle et ses copines, elle va tout simplement changer le monde...
Partant de la condition des ouvrières pour ancrer finalement leur combat dans l'Histoire du pays, "We Want Sex Equality" est une ode au courage de défendre ses convictions et doit beaucoup à son actrice principale, Sally Hawkins, formidable de naturel et d'authenticité.
Prix du Public au Festival de Dinard 2010. Prix du Jury au Festival de Dinard 2010.

 

Après Le Discours d’un roi, un nouveau film sur une portion d’histoire nous arrive d’Angleterre. Mais We Want Sex Equality ne dépeint ni les coulisses du pouvoir, ni l’amitié virile : les héros, ici, sont féminines, ouvrières, et militantes. Nigel Cole, qui verse d’habitude dans la comédie ( Calendar Girls, Saving Grace), nous conte la grève des employées de l’usine Ford à Dagenham. De quoi donner envie de ressortir les banderoles.

 

 

L’armée des jupons

We Want Sex Equality - Miranda Richardson, Sally Hawkins, Andrea Riseborough, Jaime WinstoneAu printemps 1968, tandis que l’on découvre dans les ménages les premières télévisions en couleur, et que l’on paye son frigo à crédit, les ouvrières de Ford décident de se mettre en grève. Pendant trois semaines, elles refusent de coudre les banquettes de la voiture américaine, pour protester contre leur déclassement et, rapidement, réclamer un salaire au moins équivalent à celui des hommes. La fiction, « inspirée d’un fait vrai », projette Sally Hawkins (la trentenaire délurée du Be Happy de Mike Leigh) dans le rôle de Rita, une mère de famille ordinaire, qui, rapidement, ridiculisera tous les machos, patrons et délégués syndicaux compris.

 

Avec beaucoup d’humour, Nigel Cole retrace les débuts hésitants de cette première grève « 100 % féminine », qui provoque un branle-bas de combat dans le siège social de l’entreprise. Car si les patrons les payent moins « parce qu’ils le peuvent », l’insurrection des jupons est dangereuse : quoi, accorder aux femmes le même salaire qu’aux hommes ? Hérésie ! Un représentant américain s’envole alors pour le royaume et, bien qu’il tente de briser le mouvement en jouant sur les points faibles, les « révolutionnaires en mascara » résistent aux avances. Redoublant de culot, agaçant les hommes qu’elles poussent, malgré elles, au chômage technique, elles iront jusqu’à marcher sur Westminster, et rencontrer Barbara Castle, ministre du Labour au pouvoir, première femme avant Thatcher à exercer autant de responsabilités politiques.

 

 

Portraits de femmes

We Want Sex Equality - Nicola Duffett, Geraldine James, Miranda Richardson, Sally Hawkins, Andrea Riseborough, Jaime Winstone, Lorraine StanleyTravail égal, salaire égal : « c’est un droit, pas un privilège ». Une vérité finalement admise, comme le rappelle les images d’archives. Néanmoins, si les ouvrières sont au premier plan du film, la condition féminine de l’époque est retranscrite au travers des différentes couches sociales. Les couturières qui, chevauchant leurs bicyclettes, débarquent en meute à l’usine, ne sont pas si éloignées de la femme cultivée du directeur, ou de la ministre qui intimide, par sa poigne, ses propres assistants. Balayant les petits arrangements des délégués syndicaux, Rita s’imposera par ses discours et sa persévérance, rappelant au passage à son propre mari que son rôle ne se résume pas à élever les enfants. Malgré tout, la guerre des sexes est plus nuancée, et le réalisateur prend soin de glisser quelques portraits d’hommes qui soutiennent, en coulisses, la cause.

 

Maniant subtilement le sérieux du sujet et le comique de situation, les femmes peinant à dérouler leurs banderoles, Nigel Cole rend un joli hommage au « second sexe ». A tel point que le film, bien qu’ancré dans la période des Swinging Sixties, insuffle l’envie de chantonner des slogans … toujours d’actualité.

 

Par Anne-Charlotte Waryn

 

  

  

 

 

 

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