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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 06:24
Disgrace
DISGRÂCE

Afrique Du Sud, Australie. Film de Steve Jacobs avec John Malkovich, Jessica Haines, Eriq Ebouaney... (2008 - vostf - 1h59)
Afrique du Sud, peu après l'Apartheid.
David Lurie, un professeur de poésie romantique est forcé de démissionner de son université après avoir entretenu une relation avec l'une des ses étudiantes. Il s'installe alors chez sa fille dans une ferme isolée de la côte Est de l'Afrique du Sud. Là où les blancs avaient pour l'habitude de diriger, leur présence est maintenant à peine tolérée. Jusqu'au jour où David subit une agression en étant le témoin impuissant du viol de sa fille. Il prend alors conscience de l'inversion des pouvoirs qui s'est opérée dans son pays et dans son rapport aux femmes.


La critique [evene] par Thomas Flamerion
‘Disgrâce’, ou la chute d’une belle utopie du XXe siècle : le rêve d’une nation fondée sur la discrimination qui réconcilierait ses enfants, blancs et noirs. Mais l’Afrique du Sud post-apartheid est une terre veinée de fossés. Tombé en déshonneur pour s’être entiché d’une de ses élèves, un professeur d’université se réfugie dans le veld, auprès de sa fille. Loin du tumulte du Cap, les volontés d’ouverture se heurtent à des siècles d’incompréhension. La violence ne s’est pas tue, elle distille son poison dans le lien qui unit les générations et la cohabitation interraciale. John Maxwell Coetzee avait su dire ces fractures dans un roman d’une puissance à nulle autre pareille. Steve Jacobs, qui revient de la comédie de moeurs, ose l’adaptation d’un monstre. Et la gifle qu’il nous inflige est cinglante. Usant de la même sobriété, de la même distance, il réalise l’exact reflet du texte de Coetzee. Un film bouleversant, glaçant, qui a su emprunter aux mots son essence, à l’aridité des paysages et au talent des comédiens son indépendance. Même le maniérisme de John Malkovich s’efface derrière le désarroi de son personnage. Parfait lorsqu’il méprise le conservatisme des institutions, il abandonne peu à peu son arrogance pour affronter l’indicible sauvagerie et la soumission de sa fille. Incarnée par Jessica Haines - largement à la hauteur de son premier rôle au cinéma - la jeune génération de Blancs tente de rompre avec les vieux modèles hiérarchiques, au risque de sacrifier son intégrité et de payer cher le tribut de la cohabitation. Quelle que soit la distance qui les sépare, chacun de ces rôles est une clé pour pénétrer la complexité de l’histoire sud-africaine. Dans la chaleur étouffante et sous la lumière crue, Steve Jacobs filme le drame sans fard, sans ostentation non plus. Il préfère la force d’un silence impuissant aux débordements de douleur. Et c’est dans cette retenue qu’il trouve l’image juste d’un monde vacillant sous son propre déséquilibre.

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 07:20
Contes de l'âge d'or CONTES DE L'AGE D'OR

Film roumain de Hanno Höfer avec Diana Cavaliotti, Radu Iacoban, Vlad Ivanov (2009 - vostf- 1h20)

Les contes de l'Age d'or évoquent les dernières années de l'ère communiste en Roumanie, à travers les histoires étonnantes de gens ordinaires. Ces légendes urbaines à la fois comiques, étranges, émouvantes puisent leur inspiration dans un quotidien souvent surréaliste, quand l'humour était le seul moyen de survie de tout un peuple. Les contes de l'Age d'or restituent cette atmosphère et dressent ainsi à petites touches le portrait d'un pays soumis à la logique perverse d'une dictature. Dans Les contes de l'Age d'or, cinq histoires se succèdent, avec en commun la structure narrative et le contexte historique.

La critique [evene] par Thomas Chouanière
En un sens, le collectif de réalisateurs à l'origine de 'Contes de l'âge d'or' réussit à revenir à l'essence du cinéma, au temps où le dialogue n'existait pas ou peu. En laissant la priorité à l'image et au gag visuel, ils contribuent à rendre burlesque la Roumanie de la fin de l'ère Ceausescu. Les cinq courts métrages ne dénoncent pas le totalitarisme par une charge du pouvoir. En revanche, les films explorent les petits travers d'une bureaucratie à l'agonie, et une mécanique si bien huilée, au service du culte de la personnalité, finit par apparaître complètement ridicule en se mordant la queue en permanence. Sans montrer de lutte tragique pour la survie, ou le folklore qu'a voulu nous offrir la propagande néolibérale , 'Contes de l'âge d'or' se veut un éloge du système D, permettant aux cinéastes de relater l'inventivité et le sens de la transgression du peuple roumain dans une période de dictature très dure. Le point de départ du projet, des légendes urbaines, permet de faire de cette description pragmatique de la vie à cette époque une suite d'épisodes où le surréalisme des institutions et l'imaginaire d'un peuple sous pression cohabitent avec malice. Si l'on excepte un troisième extrait un brin longuet, l'ensemble vaut pour sa bienveillance, sa nostalgie sans aveuglement et la beauté des êtres qui y sont présentés. Assez rarement employé dans son acception littérale, le terme "films à sketchs" sied particulièrement à 'Contes de l'âge d'or', et quand la drôlerie sert de témoignage à l'histoire d'une nation, on ne peut qu'applaudir collectivement.
 
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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 18:09
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Une vie toute neuve
UNE VIE TOUTE NEUVE

Film franco-Coréen de Ounie Lecomte avec Saeron Kim (2008 - vostf - 1h32)
Séoul, 1975. Jinhee a 9 ans. Son père la place dans un orphelinat tenu par des Soeurs catholiques. Commence alors l'épreuve de la séparation et la longue attente d'une nouvelle famille. Au fil des saisons, les départs des enfants adoptées laissent entrevoir une part du rêve, mais brisent aussi les amitiés à peine nées. Jinhee résiste, car elle sait que la promesse d'une vie toute neuve la séparera à jamais de ceux qu'elle aime.
Dans ce premier long métrage subtil et touchant, Ounie Lecomte raconte l'entre-deux-vies de Jinhee et dévoile, en filigrane, sa propre expérience...

Lundi 15 FEVRIER à 18h (4,5e POUR TOUS) et 21h




Contes de l'âge d'or
LES CONTES DE L’AGE D’OR

Film roumain de Hanno Höfer avec Diana Cavaliotti... (2009 - vostf- 2h18)
Les contes de l'Age d'or évoquent les dernières années de l'ère communiste en Roumanie, à travers les histoires étonnantes de gens ordinaires. Ces légendes urbaines à la fois comiques, étranges, émouvantes puisent leur inspiration dans un quotidien souvent surréaliste, quand l'humour était le seul moyen de survie de tout un peuple... 
En laissant la priorité à l'image et au gag visuel, ces «contes de l’âge d’or» contribuent à rendre burlesque la Roumanie de la fin de l'ère Ceausescu...

Lundi 22 FEVRIER à 18h et 21h



Disgrace
DISGRACE

Afrique du Sud, Australie. Film de Steve Jacobs avec John Malkovich, Jessica Haines d’aprés le roman de John Maxwell Coetzee (2008 - vostf - 1h59)
Afrique du Sud, peu après l'Apartheid.
David Lurie, un professeur de poésie romantique est forcé de démissionner de son université après avoir entretenu une relation avec l'une des ses étudiantes. Il s'installe alors chez sa fille dans une ferme isolée de la côte Est de l'Afrique du Sud. Là où les blancs avaient pour l'habitude de diriger, leur présence est maintenant à peine tolérée. Jusqu'au jour où David subit une agression en étant le témoin impuissant du viol de sa fille. Il prend alors conscience de l'inversion des pouvoirs qui s'est opérée dans son pays et dans son rapport aux femmes. 

Steve Jacobs ose l’adaptation d’un monstre, le roman de John Maxwell Coetzee, et la gifle qu’il nous inflige est cinglante. Un film bouleversant, glaçant, qui a su emprunter aux mots son essence, à l’aridité des paysages et au talent des comédiens son indépendance. Un grand moment de cinéma.

Lundi 1er MARS à 18h et 21h




L'enfer d'Henri-Georges Clouzot
L’ENFER

Un film de Serge Bromberg et de Ruxandra Medrea avec Romy Schneider, Serge Reggiani, Bérénice Bejo, Jacques Gamblin (2009 - 1h34)
En 1964, Henri-Georges Clouzot choisit Romy Schneider, 26 ans, et Serge Reggiani, 42 ans, pour être les vedettes de 'L' Enfer'. Un projet énigmatique et insolite, un budget illimité, un film qui devait être un 'événement' cinématographique à sa sortie. Mais après trois semaines de tournage, le drame. Le projet est interrompu, et les images que l'on disait 'incroyables' ne seront jamais dévoilées. Ces images, oubliées depuis un demi-siècle, ont été retrouvées et elles sont plus époustouflantes que la légende l'avait prédit. Elles racontent un film unique...
Serge Bromberg et Ruxandra Medrea réussissent ici une 'recomposition' de l'oeuvre disparue, créant un nouveau film qui raconte l'histoire de ce naufrage magnifique et qui permet au projet d'exister enfin.

Lundi 8 MARS à 18h et 21h




A serious man
A SERIOUS MAN

Comédie américiane de Joel et Ethan Coen avec Michael Stuhlbarg, Richard Kind, Fred Melamed... (2008 - vostf - 1h45)
En 1967, Larry Gopnik, un professeur du Middle West, voit sa vie se dégrader après que sa femme ait décidée de le quitter et que son frère, socialement inadapté, refuse de quitter la maison.
Joel et Ethan Coen ne refusent jamais une bonne dose d'absurdité. Dans leur nouveau long métrage, ils retournent plutôt à leur humour déjanté présent dans leurs premiers films tels que 'Raising Arizona' et 'Barton Fink'. Cette histoire semi-autobiographique ne raconte pas seulement l'origine du sens de l'humour très particulier des frères mais, en plus, il s'agit d'un véritable chef-d'oeuvre du cinéma minimaliste surtout au niveau de l’image...

Lundi 15 MARS à 18h et 21h




L'Arbre et la forêt
L’ARBRE ET LA FORET

Film français de Olivier Ducastel et Jacques Martineau avec Guy Marchand, Françoise Fabian, François Négret, Yannick Renier, Catherine Mouchet... (1h37)
Frédérick fait pousser des arbres et, depuis près de soixante ans, cultive un secret. Autour de lui, seuls sa femme et son fils aîné savent la vérité sur son histoire. La mort de ce fils, avec qui il entretenait des rapports conflictuels, le conduit à révéler enfin à ses proches ce qu’il n’avait jamais pu dire.
Prix Jean Vigo 2009 et sélection au Festival de Berlin 2010.

Lundi 22 MARS à 18h et 21h




Connaissance du Monde
CAMBODGE, les clés d’un royaume


Emmanuel Braquet, cinéaste conférencier nous propose d’assister à la renaissance d’un peuple à la culture et aux pratiques ancestrales fascinantes. Entre saison sèche et moussons, pays de rizières et de temples majestueux, le Cambodge nous est révélé dans toute sa splendeur et sa simplicité.
Découvrez des êtres attachants, remplis d’humour et de vitalité; découvrez le pays du sourire !


Lundi 22 MARS à 14h30 et 18h




Mother
MOTHER

Film coréen de Joon-Ho Bong avec Won Bin. (2009 - vostf - 2h10)
Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d'être. A 28 ans, il est loin d'être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement ce qui rend sa mère anxieuse. Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé de ce meurtre. Afin de sauver son fils, sa mère remue ciel et terre mais la police classe très vite l'affaire. Comptant sur son seul instinc maternel, ne se fiant à personne, la mère part elle-même à la recherche du meurtrier, prête à tout pour prouver l'innocence de son fils...
C’est la relation ambiguë entre une mère et son fils moins évidente qu’il n’y paraît, qui donne, au gré du récit les clés au spectateur pour appréhender ce thriller coréen. «Mother» est fait de faux-semblants, chaque personnage cache un double intérieur qui révèle une autre facette de l’histoire. Avec dextérité, Bong Joon-ho maintient la tension et le suspense jusqu’à la révélation finale, ironique et sans appel, en forme d’éternel retour. 

Lundi 29 MARS à 18h et 21h



Jeannot l'intrépide
JEANNOT L’INTREPIDE

Film d'animation français de Jean Image. (1950 - 1h20)
Inspiré de l'histoire du Petit Poucet, Jeannot et ses frères se perdent dans la forêt et sont capturés par un ogre qui les rapetisse. Les voilà en cage comme des insectes. Mais Jeannot parvient à s'échapper et sauve la reine des abeilles d'une invasion de frelons.
Soixante ans après sa sortie, (re)découvrez l’injustement oublié «Jeannot l’intrépide» de Jean Image. A partir d’un classique de la littérature enfantine, le réalisateur confectionne un petit monde bien à lui, où poésie des images côtoie humour décalé. Insolite, la visite du village des invertébrés, vaut assurément le déplacement. En marge des codes narratifs de l’époque, ‘Jeannot l’intrépide’ combine habilement pédagogie animalière et imaginaire débridé. Peu loquace mais habilement rythmé, le spectacle intergénérationnel sort enfin des cartons pour rencontrer son public.

Lundi 5 Avril à 18h et 21h (spécial vacances)


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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 19:05
Une vie toute neuve
UNE VIE TOUTE NEUVE

Film franco-Coréen du Sud de Ounie Lecomteavec Saeron Kim, Do Yeon Par (1h32)


Séoul, 1975. Jinhee a 9 ans. Son père la place dans un orphelinat tenu par des Soeurs catholiques. Commence alors l'épreuve de la séparation et la longue attente d'une nouvelle famille. Au fil des saisons, les départs des enfants adoptées laissent entrevoir une part du rêve, mais brisent aussi les amitiés à peine nées. Jinhee résiste, car elle sait que la promesse d'une vie toute neuve la séparera à jamais de ceux qu'elle aime.

La critique [evene] par Aurélie Koch-Mathian
Premier long métrage subtil et touchant, 'Une vie toute neuve' est avant tout une histoire vraie. Dans ce drame coréen présenté hors compétition à Cannes en mai dernier - preuve que le Festival sait aussi donner sa chance aux cinéastes anonymes et prometteurs - Ounie Lecomte raconte l'entre-deux-vies de Jinhee et dévoile, en filigrane, sa propre expérience. A hauteur de petite fille, sa caméra filme avec douceur son évolution de l'abandon à l'adoption, à travers ses rires, ses frustrations et ses colères. Laissée sans explication, Jinhee ne gardera aucune image de son père : A l'écran il est une figure désincarnée, apparaissant toujours floue, trop grande, déjà trop absente. Seul le souvenir cruel d'un ultime regard dénué de regrets - cette fois-ci l'image est nette, inaltérable - lui restera en mémoire. Dirigée avec distance pour laisser place à un jeu intérieur, d'une simplicité émouvante, Kim Saeron, jeune actrice à fleur de peau, incarne l'orpheline avec justesse. Lors de ses pulsions les plus morbides, l'héroïne s'affame et va jusqu'à s'enterrer elle-même, comme pour se purger de son ancienne vie et renaître, pour mieux accepter l'adoption. Ounie Lecomte capte ces actes de désespoir avec pudeur, présentant d'une manière originale le deuil de l'enfant, sans larmes et sans caprices. Très mature, Jinhee intériorise ses émotions, et celles-ci transparaissent avec délicatesse grâce à la photographie soignée de Kim Hyunseok. Oeuvre silencieuse, 'Une vie toute neuve' fait place à la musique lors des adieux. Les orphelines chantent à leurs camarades adoptées une comptine d'adieu. Celle qui accompagne Jinhee à l'heure de son départ reste longtemps en mémoire. A l'instar de ce petit bout de vie poignant et précieux.

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 07:41
Samson et Delilah
SAMSON ET DELILAH

Film australien de Warwick Thornton avec Rowan Mcnamara, Marissa Gibson, Mitjili Napanangka Gibson... (2009 - vostf - 1h41)

Samson et Delilah vivent dans une communauté aborigène isolée dans le désert du centre de l'Australie. La vie là-bas est un éternel recommencement : les jours passent, rien ne change jamais et personne ne semble s'en soucier. Quand le malheur s'abat sur eux, ils décident de s'enfuir. Commence alors un véritable périple pour réussir à survivre. Les deux adolescents découvrent que la vie hors de la communauté peut être cruelle. Affamés, rejetés, Samson et Delilah tombent pourtant amoureux l'un de l'autre. C'est tout ce qu'ils ont, leur seule réalité. Perdus, seuls et indésirables, ils découvrent que la vie n'est pas toujours juste mais que l'amour lui ne porte jamais de jugement.

La critique [evene] par Jean-Nicolas Berniche

Si ce n’est une coupe de cheveux express, les deux personnages qui donnent leur nom au film ont peu de rapport avec la religion. Ces deux habitants d’une même communauté aborigène reculée, qui tuent le temps à sniffer de l’essence pour oublier la misère ou à s’occuper d’une grand-mère handicapée, vont se retrouver dans la fuite. En suivant avec sobriété l’odyssée de Samson et Delilah, Warwick Thornton attire l’attention sur une génération aborigène en perte de repères.

Paysages à l’appui, on ne peut s’empêcher de penser à la lente extinction des Indiens d’Amérique, réduits à la pauvreté dans des réserves, en proie à la drogue et à la violence. Comme eux, Samson et Delilah vont chercher le bonheur ailleurs, pour se rendre compte qu’il leur ait impossible - barrière du langage, de la culture, indifférence des colons - de le connaître en dehors des limites de leur homeland. Avec simplicité et élégance, Thornton filme la lente déliquescence des personnages, subitement privés de l’ensemble de leurs droits, sans pour autant s’abîmer dans le mélodrame : un moyen efficace d’alerter l’opinion sans forcer le trait. La présence au Festival de Cannes de ce premier film prometteur et nécessaire est un atout pour un cinéma australien trop rare.




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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 06:17
Les chats persans
LES CHATS PERSANS


Film iranien de Bahman Ghobadi avec Negar Shaghaghi, Hamed Behdad. (2009 - vostf - 1h41)

A leur sortie de prison, une jeune femme et un jeune homme musiciens décident de monter un groupe. Ils parcourent Téhéran à la rencontre d'autres musiciens underground et tentent de les convaincre de quitter l'Iran. N'ayant aucune chance de se produire à Téhéran, ils rêvent de sortir de la clandestinité et de jouer en Europe. Mais que faire sans argent et sans passeport...


La revue [de presse]
Libération - Gérard Lefort

Le film montre cette détermination incroyable, cette liberté inaliénable, cette envie de tout foutre en l'air, de fuir au plus vite ce cauchemar. Mais il montre aussi le désir tout aussi irrépressible de résister sur place, de faire hurler les guitares électriques, de taper de la batterie à s'en faire sauter les tympans avec les pauvres moyens du bord.

Les Inrocks - Serge Kaganski
Presque tout est un bonheur ici (.. .). Le film de Ghobadi est très fin dans sa cartographie des interstices underground de l'Iran, caves isolées aux cartons à oeufs, fermes perdues, chantiers en jachère, et nous présente un visage de ce pays à mille riffs de l'ordinaire infotélévisé.

Télérama - Louis Guichard

Carte postale extrêmement vivante, pleine de rage mais aussi d'humour et de lyrisme. L'ardeur et le courage sont les qualités de ce film choc.

Un film sublime, boulversant et avec une bande originale incroyable! A voir absolument !

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 06:48
Bright Star
BRIGHT STAR


Film anglo américain de Jane Campion avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider, Kerry Fox...
Présenté au Festival de Cannes 2009 (2006 - vostf - 2h00)

Présentation
Londres, 1818. Un jeune poète anglais de 23 ans, John Keats, et sa voisine, Fanny Brawne, une étudiante, tombent amoureux l'un de l'autre et entament une liaison en secret.
Pourtant, les premiers contacts entre les deux jeunes gens sont assez hostiles. John trouve que Fanny est une jeune fille bien élégante mais trop effrontée, et elle-même n'est pas du tout impressionnée par la littérature.
C'est finalement la maladie du jeune frère de John qui va les rapprocher. Keats est touché par les efforts que déploie Fanny pour les aider, et il accepte de lui enseigner la poésie.
Lorsque la mère de Fanny et le meilleur ami de Keats, Brown, réalisent l'attachement que se portent les deux jeunes gens, il est trop tard pour les arrêter. Emportés par l'intensité de leurs sentiments, les deux amants sont irrémédiablement liés et découvrent sensations et sentiments inconnus. 'J' ai l'impression de me dissoudre', écrira Keats. Ensemble, ils partagent chaque jour davantage l'obsédante passion romantique qui résiste aux obstacles de plus en plus nombreux. La maladie de Keats va pourtant tout remettre en cause...

La critique
[evene] par Mélanie Carpentier

Délicat et poétique, le nouveau film de Jane Campion est un instant délicieusement tragique. Quelle réussite que d’évoquer la vie d’un poète, en l’occurrence celle de John Keats, sans sombrer dans un banal biopic, plus prompt à dispenser des anecdotes qu’à se glisser entre les voiles de la création. La poésie se vit et ne s’apprend pas, voilà ce que nous dit Keats à travers la voix de Jane Campion. Chaque séquence du film se compose comme autant de vers éphémères et lumineux pour dire l’attachement de deux êtres, la beauté et l’innocence de l’amour, l’amitié… Dans cette nature magnifiée par l’objectif de Campion, le romantisme est exalté, l’intimité caressée. Teinté de classicisme, ‘Bright Star’ affiche cependant une spontanéité, une immédiateté, un rythme très moderne. Modernité que l’on retrouve dans l’envie de dresser le portrait d’une femme singulière, Fanny Brawne. Un film subtil dans lequel l’amour et la jeunesse sont à portée de main.


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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 06:26
Vincere
VINCERE

Film historique italien de Marco Bellocchio avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi (2009 - vostf - 2h08)

Présentation
Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l'histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino - conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien L' Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l'aider à financer le Popolo d'Italia, point de départ du futur parti fasciste, elle vend tous ses biens... Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s'engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu'il est déjà marié avec une autre femme. Ida n'aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d'épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.

La critique [evene] par Mathieu Menossi
C'est à travers l'intimité d'un drame passionnel oublié ou ignoré que Marco Bellocchio a choisi d'aborder l'une des marches les plus funèbres de la botte italienne. A une dénonciation purement historique des infamies du régime fasciste, le réalisateur transalpin a préféré le combat plus personnel d'Ida Dalser, devenue à son insu maîtresse d'un puissant, femme illégitime et mère d'un bâtard. 'Vincere' raconte la lutte à mort de cette femme éperdument amoureuse et obstinée, refusant la trahison d'un homme à qui elle aura tout cédé. Giovanna Mezzogiorno donne toute sa mesure à cette héroïne tragique que le Duce fera passer pour folle. D'Ida à Aïda, il n'y a qu'un "a". Filippo Timi incarne avec un formidable charisme ce Benito pas encore devenu Mussolini : syndicaliste et militant socialiste impétueux à la verve orageuse, défiant le roi et le Créateur. Une fois devenu Duce, emporté par l'Histoire, l'acteur s'efface au profit du véritable personnage politique. Dans ce Milan agité et oppressant des années 1920, Bellocchio dépeint un jeune Mussolini hanté par la peur de rester dans la médiocrité de l'anonymat, se sachant déjà prédestiné à un parcours "différent". Son emprise sur Ida Dalser est totale : intellectuelle, psychologique, sexuelle. S'appuyant sur une bande-son aux dimensions symphoniques, le réalisateur insuffle à son oeuvre une esthétique fantasque. C'est l'essor du futurisme, l'exaltation de la modernité, les premières utilisations des médias et du cinéma comme instrument de propagande : Bellocchio s'en fait l'écho en illustrant son récit d'images d'archives et d'extraits de films ('The Kid', 'Le Cuirassé Potemkine'). L'audace de 'Vincere' tient en grande partie à son énergie exubérante et cette effervescence de la mise en scène. D'aucuns estimeront ce bouillonnement un tantinet excessif, s'étalant un peu sur la longueur. Dans la tradition d'un lyrisme à l'italienne, Bellocchio offre pourtant là une oeuvre d'une rare puissance.



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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 06:20
La danse, le ballet de l opéra de Paris
LA DANSE : le ballet de l'Opéra de Paris


Film documentaire français de Frederick Wiseman. (2008 - 2h39)

Synopsis de La danse, le ballet de l'opéra de Paris
Frederick Wiseman, pionnier du cinéma documentaire a installé sa caméra durant sept semaines au coeur de l'Opéra de Paris.
Des coulisses des ateliers de couture aux représentations publiques et à travers les différentes étapes de la vie d'un danseur pour devenir étoile, LA DANSE montre le travail de tous ceux qui donnent corps au quotidien à des spectacles d'exception.

La critique [evene] par Alice Escoffier
'La Danse'. Rien que ça. Frédéric Wiseman s'attaque à un sujet global. Douze semaines de tournage au coeur du ballet de l'Opéra de Paris, l'une des compagnies les plus réputées au monde, fondent l'intérêt de ce film. Comme dans ses précédents documentaires, Wiseman a fait le choix d'une neutralité qui impose une distance au sujet. Le réalisateur n'hésite pas à plonger dans les répétitions des danseurs, comme autant de corps en mouvement dans la valse lente d'un travail toujours rigoureux. Cà et là, sourires esquissés et soupirs de soulagement viennent donner leur entière humanité à ces artistes dont on oublie le labeur foncier. Sans apposer un commentaire ennuyeux, le métrage trace de longs plans-séquences comme autant de pointes, élevant les êtres sur le piédestal de leur art. Bien des grands noms de la danse, tels Ek, McGregor et Preljocaj, se succèdent devant l'objectif, et même si on peut regretter qu'ils soient présentés incognito, leur vision de l'art chorégraphique apporte une touche érudite qui ravira les amateurs. Pour lui éviter toute claustrophobie, Wiseman prend le temps d'ouvrir sa caméra à Paris et ses toits, proches bien entendu de Garnier et Bastille, et d'offrir une vue synoptique de l'Opéra, avec force détails autour de la directrice de danse, mais aussi des costumiers, du délégué syndical ou des balayeurs. Evitant l'écueil de la tautologie qui plombe parfois les documentaires thématiques, le réalisateur offre une vision juste et intéressante pour le novice d'un art méritant et trop souvent oublié.



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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 06:40
Tetro
TETRO

Film Argentin, Espagnol, Italien de Francis Ford Coppola avec Vincent Gallo, Alden Ehrenreich, Maribel Verdù, Carmen Maura, Klaus Maria Brandauer, Rodrigo De La Serna... (2008- vostf - 2h07)

Présentation
Bernie, 17 ans, jeune et naïf, arrive à Buenos Aires pour rechercher son frère aîné qui a disparu depuis plus de dix ans en jurant de ne plus jamais revoir sa famille. Cette famille d'Italiens immigrés s'était installée en Argentine, mais avec le succès de leur père dominateur Carlo, chef d'orchestre reconnu, vit maintenant à New York. Quand Bernie retrouve son frère Tetro, écrivain brillant et mélancolique, il n'est pas accueilli à bras ouverts.

La critique [evene] par Thomas Chouanière
Le nouveau film de Francis Ford Coppola marque d'emblée par son audace visuelle, ce noir et blanc soigné permettant aux acteurs de se mouvoir dans un théâtre d'ombres. Utilisé sans dramatisation excessive, le traitement photographique colle à cette histoire de linge sale qu'on vient laver en fratrie décomposée. Avec astuce, le réalisateur utilise la couleur lors de flash-back enrichissant par métaphore le passé des personnages principaux. Longtemps, l'histoire semble montrer un éternel retour nietzschéen, dans lequel Bernie et Tetro reproduisent à l'envi les schémas de leur famille. Les thèmes chers à Coppola, le poids des valeurs familiales qui confine à l'atavisme, le rapport à l'écrit ou encore l'instinct protecteur des femmes, sont transcendés par une influence latino-américaine palpable, dégageant toute lourdeur au profit d'une désinvolture et d'un usage sanguin du corps que vient ponctuer avec justesse une bande-son proche du tango. La valse des personnages ne doit pas tout à son chorégraphe : Vincent Gallo réussit comme on s'y attendait dans son emploi classique de quadra un peu frappé. Mais c'est le débutant Alden Ehrenreich, incarnant son frère, qui tire son épingle du jeu. Avec une sobriété juvénile bluffante, le gamin évoque DiCaprio par le talent et par le faciès. Lorgnant autant du côté de l'opéra et du ballet que du septième art, le métrage hésite sur sa fin, malgré la maîtrise. Un bémol qui ne s'entend guère tant les autres mouvements de cette symphonie évitent les fausses notes.

Une autre critique, de votre serviteur, par ici.
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