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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 07:04

Affiche du film Le Quattro VolteLA QUATTRO VOLTE

Documentaire italie de Michelangelo Frammartino avec Giuseppe Fuda, Bruno Timpano, Nazareno Timpan...(2010 - vostf - 1h28)

 
Un vieux berger vit ses derniers jours dans un paisible village médiéval perché dans les montagnes de Calabre, à l'extrême sud de l'Italie. Il conduit ses chèvres sous des cieux désertés depuis longtemps par les villageois. Un jour, il meurt dans son lit entouré par ses chèvres qui assistent à son trépas. Un chevreau vient de naître. Nous suivons ses premiers pas, ses premiers jeux, jusqu'à ce qu'il prenne des forces et accompagne le troupeau au pâturage. Mais il s'égare, erre, et le soir venu va se blottir contre un sapin majestueux. Le sapin remue dans la brise de la montagne, puis change lentement au gré des saisons. Le quattro volte est une vision poétique des cycles de la vie et de la nature et des traditions demeurées intactes d'un lieu hors du temps.

  

 

Région la plus pauvre d’Italie, située à l’extrême sud du pays, la Calabre est très marquée par les coutumes ancestrales et a pour principale ressource l’agriculture. A travers le récit des derniers jours d’un berger, des premiers pas d’un chevreau au milieu du troupeau, et des différentes activités des villageois, Michelangelo Frammartino s’interroge sur ce qui constitue le monde au sens originel du terme : l’humain, le végétal, l’animal, le minéral, trouvant grâce au réalisateur une égale dignité.

 

Le Quattro Volte - Michelangelo FrammartinoAinsi est soulevée la question suivante : «Au cinéma, le personnage principal peut-il ne pas être un être humain ?» Le réalisateur, dans cette optique, s’intéresse d’abord au vieux berger, et à lui seul. Lorsque ce dernier meurt, un chevreau naît. A partir de ce moment-là, l’humain sera relégué à l’arrière-plan, comme élément de décor, et ce qui tient habituellement ce rôle à l’écran (nature, animaux) est ici mis en avant, devenant une étonnante découverte pour le spectateur de cinéma qui a fini par ne plus les voir.

 

Ni vraiment narratif ou documentaire, ce film brise les règles du cinéma, et surprend par une réalisation très simple, basée sur la répétition de points de vue identiques et de plans le plus souvent fixes, à des moments différents ; seules changent l’action, les couleurs et la lumière, évocations de la vie qui continue malgré un décor immuable, une terre séculaire. Parfois même une tache de couleur rouge ou violette apporte un peu de chaleur dans cette équilibre et ces tons froids. «Tout être possède une âme» dit le réalisateur, et il suffit de peu de chose pour donner à ces âmes la place qu’elles méritent : un chien dégageant une pierre pour permettre aux chèvres d’assister à la mort de leur berger ; un sapin, anonyme parmi d’autres sapins, se mettant soudain à vivre pour une fête au village.

 

Une belle leçon de cinéma que ce film revenant aux sources du monde en même temps qu’à celles du cinéma, et prouvant que même du sujet le plus simple, du traitement le plus sobre, peut naître une œuvre poétique et originale.

 

Par Julie Sejournet

 

 

 

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