Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 07:45

 Les Marches du PouvoirLES MARCHES DU POUVOIR
Film américain de et avec George Clooney, Ryan Gosling, Philip Seymour Hoffman... (2011 - vostf - 1h35)
Stephen Meyers est le jeune mais déjà très expérimenté conseiller de campagne du gouverneur Morris, qui se prépare pour les élections à la présidence américaine. Idéaliste et décidé à faire honnêtement tout ce qu'il peut pour faire gagner celui qu'il considère sincèrement comme le meilleur candidat, Stephen s'engage totalement. Pourtant, face aux manipulations et aux coups tordus qui se multiplient vite, Stephen va devoir faire évoluer sa façon de travailler et de voir les choses. Entre tentations et désillusions, les arcanes du pouvoir le transforment...

Les Marches du pouvoir de George Clooney : le theatrum mundi de la politique

 George Clooney n'est pas novice en la matière; il a approché de très près le monde de la politique, n'osant toutefois jamais se lancer dans le grand bain. S'il y a bien une chose qu'il confesse avec son nouveau film en tant que réalisateur, c'est sa fascination inextinguible pour les jeux de pouvoir, les affaires d'ego et de manipulation qui jonchent la route sinueuse du succès politique.

 

Pour la petite anecdote, l'acteur voulait d'abord tourner le film en 2008 mais n'a pas eu le goût de détruire la vague d'optimisme qui déferla sur les Etats-Unis après l'élection de Barack Obama. Un an après (avec accessoirement une crise financière, des guerres interminables et des promesses électorales restées lettre morte), le cynisme avait suffisamment repris ses droits dans la cité pour que ce thriller politique voie le jour. Pour notre plus grand plaisir.

 

Les Marches du pouvoir - George ClooneyVous ne trouverez ici pas une once de discours moralisateur ou de propagande démocrate. Il s'agit avant tout d'un portrait cinglant de la politique moderne, où le scandale sexuel est la pire des fautes, où journalistes et politiciens se mangent mutuellement dans la main, où tous les coups bas sont permis pour gagner non pas la bataille de la démocratie, mais celle de la communication.

 

Bienvenue dans le monde grisâtre des primaires démocrates de l'Ohio, qui opposent le sénateur Pullman au gouverneur Morris (George Clooney himself, savoureux). Ce dernier a engagé Stephen Meyers ( Ryan Gosling, fébrile et charmant), un expert en communication chargé de piloter le versant médiatique de la campagne tandis que la stratégie politique revient à son directeur de campagne, Paul Zara (le vénéré Philip Seymour Hoffman).

 

Les Marches du pouvoir - Ryan GoslingL'intrigue repose sur le récit initiatique de Stephen Meyers, sorte de Rastignac avide de pouvoir, un jeune loup qui a déjà trempé dans des affaires pas nettes et qui croit se refaire une virginité en servant un homme pour lequel il nourrit une foi authentique. Son idéalisme récent ne va pas résister longtemps aux coulisses des primaires, vaste partie d'échecs au cours de laquelle un camp tente d'anticiper la stratégie de l'autre pour rester en tête des sondages ou obtenir le soutien indispensable de députés républicains.

 

Ce thriller politique propose un scénario plutôt dense, à l'efficacité redoutable; le rythme est enlevé, le casting excellent (Paul Giamatti, éternel second rôle qui en éclipse plus d'un), le tout étant porté par une identité visuelle très forte. Qu'il s'agisse des affiches de campagne, du QG de Morris, des ruelles crasseuses de Detroit où l'on tombe en disgrâce du jour au lendemain, des universités aménagées pour les meeting politiques ou des shows télévisuels, tout est d'un réalisme léché. Les dialogues sont taillés dans le diamant, point d'autant plus appréciable que la chose se fait rare au cinéma.

 

Les Marches du pouvoir - Philip Seymour HoffmanCeux qui s'attendent, en revanche, à un film dialoguant avec le contexte politique actuel des Etats-Unis doivent être prévenus : seul compte ici le plaisir de la fable, l'observation minutieuse des mécanismes de l'arène politique. Comme le suggère l'excellente scène d'ouverture dans laquelle Ryan Gosling répète, sur une estrade, le discours du gouverneur, au milieu des techniciens qui règlent leurs caméras, la politique est un petit théâtre où le sens de la mise en scène et de la représentation est la seule compétence qui vaille. Et si ces hommes politiques conversent gentiment dans un restaurant chic avec leurs acolytes journalistes, c'est bien dans la ruelle aux égouts débordants qu'ils dévoilent leur plan. Le caniveau, la nouvelle agora.

 

Par Elodie Vergelati

 


Partager cet article
Repost0

commentaires