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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 12:06

Vénus noire 
VENUS NOIRE

Film français d'Abdellatif Kechiche avec Olivier Gourmet, Jean-Christophe Bouvet, Jonathan Pienaar... (vostf - interdit aux moins de 12 ans - 2h40)

 


Basé sur l'histoire vraie de Saartjie Baartman, le film retrace l'histoire terrifiante de cette jeune femme noire aux formes généreuses, venue d'Afrique du Sud en Europe au début du XIXème siècle, monstre de foire et curiosité exhibée dans les salons libertins, connue sous le nom de Vénus Hottentote. Livrée à la prostitution, elle mourut en 1815 et son corps fut moulé puis disséqué par l'anatomiste Georges Cuvier et les savants de l'Académie de Médecine de Paris.

 

La critique [evene]
La note evene : 4/5La note evene : 4/5  le 26 Octobre 2010 par Gaël Le Bellego

On peut d'abord s'interroger : pourquoi le cinéma a mis tout ce temps avant de s'intéresser à la Vénus Hottentote ? Une histoire en or, une si forte tragédie humaine... Celle de Saartjie Baartman, jeune paysanne sud-africaine dotée de formes hypertrophiées (fesses, hanches et même sexe), exhibée comme bête de foire à Londres et Paris, curiosité adipeuse pour salonnards puis, à sa mort, pour les médecins légistes de l'Académie de Médecine qui la découperont en morceaux pour mieux en percer les mystères.

Abdellatif Kechiche est donc le premier cinéaste à la sortir de l'oubli. Et son film, grandiose et révoltant, appuyé et nécessaire, nous remue dans tous les sens jusqu'à écœurement. On en ressort excité et horrifié, horrifié par sa propre excitation aussi, au point de mieux comprendre pourquoi cette Vénus est si longtemps restée trésor caché. Kechiche, sans le vouloir, a ouvert notre boîte de Pandore...

« Je n'ai jamais vu de tête humaine plus semblable à celle des singes. » Malaise. Au-delà du racisme crétin d'une race blanche qui se croit supérieure, la remarque sort de la bouche de l'anatomiste Georges Cuvier examinant la « bête ». Donc un homme éclairé en principe. Les croyances populaires, les mythes et fantasmes de l'imaginaire occidental sont donc nourris par la Science. L'obscénité nous indigne. Mais en même temps, par l'insistance des scènes d'exhibition nue, d'humiliations en cage ou au milieu de cours perruquées-poudrées, on sent monter en soi un sentiment diffus, honteux. La curiosité. Comme si la différence, quand elle est célébrée dans ce terrifiant numéro de cirque, parvenait encore à titiller notre voyeurisme. Spectateur, on veut voir aussi, encore et encore, le monstre callipyge, la « Vénus noire », pour mieux oublier la femme, sensible et douce, qui souffre en secret.

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