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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 07:08

 Le cochon de GazaLE COCHON DE GAZA
Comédie de Sylvain Estibal avec Sasson Gabai, Ulrich Tukur (1h38)
Après une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, remonte par hasard dans ses filets un cochon tombé d’un cargo. Bien décidé a se débarrasser de cet animal impur, il décide toutefois d’essayer de le vendre afin d’améliorer son existence misérable. Le pauvre Jafaar se lance alors dans un commerce rocambolesque et bien peu recommandable… Dans cette tragi-comédie, l’ensemble du petit peuple de Gaza, coince entre sa misère absolue au quotidien, les contraintes des militaires Israéliens et le diktat des barbus aux commandes, est représenté par ce pauvre pêcheur dont l’unique souci est de survivre au jour le jour et qui, pour cela, est prêt a tout. Jafaar, dans une permanente dérision de lui-même, même dans les moments tragiques, évolue dans cette histoire a l’humour mordant… et nous laissera espérer que si l’on peut s’entendre, malgré toutes les différences, a l’échelle individuelle, on peut s’entendre in fine, a l’échelle collective.

la fable burlesque de Sylvain Estibal 

Voici un film qui s'affranchit d'une réalité – à la fois trop connue et trop méconnue – pour en montrer tout le surréalisme et l'absurde. Un point de vue osé de Sylvain Estibal, mais jamais provoquant pourtant, sur la situation d'un Palestinien coincé sur la bande de Gaza, avec un cochon entre les bras. 

 

Le Cochon de Gaza

When pigs have wings

Non, ce n'est pas de la pub pour du Red Bull®, mais le titre original du Cochon de Gaza, bien plus évocateur que notre version édulcorée française, qui est franchement moins séduisante, avouons-le. « Quand les cochons auront des ailes » : un titre qui annonce déjà la douce absurdité décrite dans ce film, et la situation paradoxale et inextricable qui règne à Gaza, en Israël, entre deux peuples qui se détestent mais qui avant tout font tout pour survivre comme ils peuvent. Tel est Jafaar, pêcheur palestinien, qui remonte par un complet hasard dans ses filets un cochon vietnamien – animal impur. Qu'en faire ? S'en débarrasser, ou tenter d'en retirer de quoi rendre le quotidien un peu meilleur ?

 

Le Cochon de Gaza

Le cochon, la chèvre et le mouton

Le Cochon de Gaza n'est pas non plus signé de Jean de la Fontaine, puisque c'est bien Sylvain Estibal qui en a également créé le scénario. Mais il est indéniable que ce film a des allures de fable. Et aussi, étrangement, que le cochon est lié à un mouton : on aurait tout aussi bien pu traduire le titre pour nous par « quand les cochons auront du poil de mouton ». C'est une nouvelle démonstration par l'absurde de ce qui se déroule dans le film, quand Jafaar et sa femme déguisent le cochon en mouton pour le dissimuler. Le Cochon de Gaza est donc une fable burlesque, très rattachée au quotidien modeste de Jafaar et à la situation compliquée à Gaza, mais qui prend une distance par la force de l'humour. La légèreté n'empêche pas de cerner le problème. Au contraire, elle pourrait même le présenter de manière plus criante. C'est le parti pris du film, qui ainsi détourne des clichés et évite les scènes larmoyantes.

 

Le Cochon de Gaza

Tout est bon dans le cochon ?

Le Cochon de Gaza surprend car il s'écarte de voies qui ont déjà traité ce thème. Cependant, on aurait aimé entrer dans le burlesque encore plus rapidement, les situations du début peinant à démarrer et à s'envoler vers l'humour décalé présent ensuite. Mais d'un autre côté cela met aussi en appétit, car l'on trouve par conséquent la deuxième partie délicieuse d'audace, d'absurdité et de comique de situation. La fin par contre tombe vraiment comme un cheveux sur la soupe avec une danse hip-hop interprétée par des danseurs handicapés, versant un peu trop dans la sensiblerie, tout le monde réunit autour de cette scène. Elle a seulement le mérite d'éviter au film de s'enliser dans des conclusions hâtives et périlleuses sur la situation en Israël.

 

Le Cochon de Gaza est un film qui s'engage sur un thème mais pour en démontrer l'absurdité avec les moyens même de l'absurde. Original et pourtant réaliste malgré tout, ne soyez pas effrayés par son titre pas très folichon, et n'hésitez pas à rendre visite à ce cochon perturbateur.

 

Par Mathilde Doiezie

 

 

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