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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 07:31
La nana (la bonne)
LA NANA

Film Chilien de Sebastián Silva avec Catalina Saavedra, Claudia Claudia Celedón, Alejandro Goic... (1h35)
Prix du meilleur film étranger au festival de Sundance 2009

L'histoire
Raquel, une femme ombrageuse, travaille depuis 23 ans comme domestique chez les Valdes, une famille de la bonne société de Santiago du Chili. Lorsque sa patronne embauche une autre domestique pour l'aider, Raquel a l'impression qu'on lui prend sa place dans la famille. Elle tend des pièges à chaque nouvelle venue. Aucune ne tient le coup. Jusqu'à ce qu'arrive Lucy, une femme de province pleine d'humour, qui touche le coeur de Raquel et change sa façon de voir la vie.

La critique [evene] par Roland Hélié


Plusieurs fois récompensé dans les festivals (Sundance, Fribourg) ‘La Nana’, deuxième film de Sebastián Silva, prend pour sujet un personnage devenu familier dans le cinéma en provenance d’Amérique latine : la bonne - décliné parfois en gouvernante, voire en gardien (‘Parque via’) - dévouée depuis des années, du matin au soir, à une famille issue de la grande bourgeoisie. Le film commence par brosser le portrait d’un personnage revêche, simultanément ombrageux et haut en couleur, qui semble avoir renoncé à toute forme de vie personnelle ou privée. Pour tout savoir de chacun des membres de la famille, pour connaître leurs secrets et manies respectifs, elle occupe une position de toute-puissance qu’il n’est pas question dans son esprit de partager avec l’une ou l’autre des aides ménagères que la famille se met à recruter pour la seconder.
Formidablement interprétée par Catalina Saavedra, Raquel déploie donc de cruelles stratégies afin de chasser du territoire qu’elle a fait sien celles qu’elle perçoit exclusivement comme des rivales. Servie par une image vidéo sans apprêts, par une succession de plans resserrés sur son visage, et grâce à une mise à distance méthodique du décor, la comédienne parvient à restituer la vulnérabilité du personnage, à rendre palpable la souffrance qui sert de socle à son apparente méchanceté. En se concentrant sur l’arrivée d’une nouvelle recrue, personnage lumineux qui va réussir, où tous ont échoué, à fendre la carapace dans laquelle Raquel s’est enfermée, la deuxième partie du film fait preuve d’une baisse de régime et semble moins réussie. La voie de l’apaisement qu’emprunte Raquel obéit à une temporalité un peu expéditive qui affaiblit le propos. ‘La Nana’ n’en reste pas moins un film captivant et Sebastián Silva un cinéaste à suivre.

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