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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 08:20

Le Quatuor LE QUATUOR
Film de Yaron Zilberman avec Christopher Walken, Philip Seymour Hoffman, Imogen Poots...(1h47)
Lorsque le violoncelliste d’un quatuor à cordes de renommée mondiale apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson, l’avenir du groupe ne tient plus qu’à un fil. Entre les émotions refoulées, les égos et les passions incontrôlables qui se déchaînent alors, la longue amitié qui unit les quatre virtuoses menace de voler en éclats.À la veille du concert qui célèbrera leur 25e et sans doute ultime anniversaire, seuls leurs liens étroits et le pouvoir de la musique peuvent encore préserver ce qu’ils ont construit.

Le quatuor : Beethoven par amour

Existe-t-il une seule chose conséquente sur Terre qui ne soit Art ? Sous toutes ses formes, visuelles, intellectuelles, auditives, sensibles, la création des êtres insuffle autant de sens qu'il se peut à des existences qui en semblaient pourtant dénuées. Une des manifestations sublimes de ce talent mortel est la musique. Ensorceleuse, elle insuffle autant de passion aux âmes échaudées qu'elle entraîne ses auteurs sur la voie de la perdition. Le Quatuor se fait le témoin conquis de cette valse diabolique et redonne, non sans peine, ses lettres de noblesse à la musique classique.

 

Le quatuor - Catherine Keener, Christopher Walken, Philip Seymour Hoffman, Mark IvanirDepuis plus de vingt-cinq ans, le quatuor à cordes La Fugue, formé de virtuoses issus de la Julliard School, envoûte un public de connaisseurs venu des quatre coins du monde. L'interprétation de l'Opus 131 de Beethoven, qu'ils dévoilent aux oreilles attentives, retranscrit la structure architecturale de la beauté même. Cette alchimie parfaite est mise en pièces par le diagnostic cruel fait au mentor et membre fondateur du groupe. Atteint de la maladie de Parkinson, Peter se voit dans l'obligation de prendre sa retraite et réduit en cendres d'un même élan le substrat de leurs réalisations. Les névroses les plus viles des inconscients de chacun des membres font alors leur apparition. Les égos des uns se heurtent aux aspirations des autres et l'harmonie des instruments se voit rapidement balayée par une cacophonie de caractères.

 

Le quatuor - Imogen Poots, Mark IvanirChaque instant de grâce du film est dû à son casting fabuleux. La descente aux enfers de Christopher Walken émeut aux larmes, la difficile prise de conscience de Philip Seymour Hoffman dérange tout autant, et le spectateur ne peut se défaire de l'emprise totale exercée par Mark Ivanir. Imogen Poots, ravissante, convainc, à l'image de ses aînés, avec sa languide performance de fille mal-aimée. Les spectateurs rompus à la maîtrise de l'archet décèleront la mystification. Mais la virtuosité de l'expression de leurs talents de comédiens est sans égale.

 

Le quatuor - Imogen PootsLe Quatuor n'est cependant pas exempt d'arrogance. Le film se complaît dans une démonstration par trop élitiste pour être acceptable. La musique classique, à l'attrait incontestable, se sait capable d'ébranler un public hétéroclite. Ainsi le seul étalage de moyens dévoués à une bourgeoisie mesquine dérange. L'on sait néanmoins gré au long-métrage de rendre honneur à une des merveilles de ce monde et l'on se laisse bercer par le savoir-faire combiné des comédiens et des compositions hors du temps.

 

Une ode aux amoureux fiévreux de mélodies intemporelles.

 

Par Emma Martin

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13 août 2013 2 13 /08 /août /2013 09:43
Django UnchainedDJANGO UNCHAINED
Interdit - 12 ans présenté en version originale sous-titrée français

Scénario
Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l'acquisition de Django, un esclave qui peut l'aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu'il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu'il aura capturé les Brittle - morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n'oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves... Lorsque Django et Schultz arrivent dans l'immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche... Si Django et Schultz veulent espérer s'enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l'indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie...

Django Unchained : Tarantino se déchaîne 

Après Inglorious Basterds, Quentin Tarantino nous propose Django Unchained, autre fresque historique, autre histoire aussi, celle de l'esclavage américain. Une œuvre ambitieuse dans laquelle le réalisateur ne s'est fixé aucune limite, on le sent exulter et on le fait avec lui.

 

Django Unchained - Jamie Foxx, Franco NeroQuentin Tarantino livre son nouveau travail. Nouvelle œuvre fleuve, qui synthétise les ambitions d'un cinéaste qui se réinvente à chaque fois, en même temps qu'il le fait avec les genres, la réalité historique et les mœurs établies. Après avoir refait l'histoire de la seconde guerre mondiale, en faisant exploser Hitler et une bonne partie de ses loyaux généraux, c'est le destin des esclaves en Amérique qu'il revisite. Django, qui était un bon cow-boy bien comme il faut, interprété par Franco Nero, dans le film éponyme de Sergio Corbucci, sorti en 1966, est ici un esclave noir, qui brise toutes les règles en se promenant à cheval et en tuant un paquet de sales esclavagistes blanc, contre rémunération. Comme à son habitude, Tarantino reprend un genre, ici celui du western, pour le sublimer et lui redonner ses lettres de noblesses. Il l'avait fait avec Boulevard de la mort qui anoblissait le film Grindhouse, sous-genre du film d'exploitation, qui n'a aucune ambition artistique, seulement celle de minimiser au maximum les dépenses de production de qualité, en visant l'exploitation commerciale. Le cinéaste a cette faculté de transformer en diamant précieux ce qui n'est à la base que rocher aride, et il le prouve encore une fois dans son Django Unchained, décidément déchaîné.

 

Django Unchained - Leonardo DiCaprioLe Django de Corbucci n'est d'ailleurs pas considéré comme un exemple du genre du western, film pas très ambitieux et au casting obscur à part Franco Nero. Tarantino s'amuse en ne reprenant jamais les classiques qu'on attendrait, mais en manipulant, retournant, réinterprétant les séries B, ce n'est qu'ainsi qu'il exulte. Il s'autorise absolument tout, ne se restreint sur rien, il accumule les références au western, les autocitations et les petites clin d'oeil destinés au spectateur, l'avocat du personnage joué par Leonardo DiCaprio se prénomme Léo, Franco Nero demande, accoudé à un bar, à Jamie Foxx d'épeler son prénom Django. Il se regarde lui-même en déchaînant la violence, en faisant couler le sang à flot, en s'attaquant à tout le monde, aucune pitié pour les femmes ou les animaux, en débridant l'hystérie et la cruauté. Comme toujours tout est question de vengeance, que les personnages prendront dans un final tout aussi jouissif que celui de Kill Bill ou Boulevard de la mort, mais aussi d'amour indéfectible. Le romantisme est exalté, la femme aimée, Kerry Washington est une princesse d'un conte allemand prénommée Brunehilde, qui doit être secourue par son valeureux prince, Siegfried, alias Django, qui franchira tous les obstacles, jusqu'à porter le déguisement de la bête et trahir ses frères esclaves, parce qu'elle le mérite.

 

Django Unchained - Jamie Foxx, Christoph WaltzLa prose est celle d'un conte, se fait presque vers, à travers une maîtrise de la rhétorique, plus rigoureuse et moins digressive que dans ses précédents films. On savoure chaque dialogue comme celui d'une strophe poétique, lorsqu'il sortent de la bouche d'un Christoph Waltz qui n'a jamais autant brillé. Il donne du rythme et une élégance folle aux dialogues virtuoses que Tarantino lui a concoctés. Comme il avait donné ses plus beaux rôles à Uma Thurman, il fait de Waltz un génie du grand écran, au milieu d'un casting qui l'est tout autant. Leonardo DiCaprio, pour la première fois chez Tarantino, laisse exploser la force de son jeu, dans une scène où il donne dans ce qu'il maîtrise le mieux, la colère insensée et malsaine. Il est l'envers du personnage de Jamie Foxx, tout en retenue, qui ne se permet d'exploser que dans le dénouement final.

 

Django Unchained - Jamie Foxx, Kerry Washington, Christoph WaltzSi les 2h44 ne sont peut-être pas justifiées, les climax s'accumulent et les retournements de situation aussi, instaurant une certaine lassitude, elles passent néanmoins d'une traite et au final ne se laissent pas regretter. Elles sont surtout le symbole du pouvoir de Tarantino, qui est peut-être le seul cinéaste à pouvoir proposer des films aussi longs et à être distribué partout dans le monde en faisant le plus souvent salle comble.

 

Par Camille Esnault

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 19:02

Des Abeilles et des HommesDES ABEILLES ET DES HOMMES
Documentaire autrichien, allemand, suisse de Markus Imhoof. (2011 - vostf - 1h28)
Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible. Arrivée sur Terre 60 millions d’années avant l’homme, l’Apis mellifera (l’abeille à miel) est aussi indispensable à notre économie qu’à notre survie. Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes. Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme : « Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. »

Des Abeilles et des hommes : quand honey rime avec money 

Après Les Raisons du coeur (1997), dernier métrage en date de Markus Imhoof, le réalisateur revient avec son second documentaire et parvient là aussi à se frayer un chemin jusqu'à notre coeur avec Des Abeilles et des Hommes, documentaire poignant sur la disparition de plus en plus alarmante des abeilles.

 

 

De l'ingratitude

Nous n'y prêtons pas assez attention, mais c'est incontestable : le nombre d'abeilles diminue considérablement, elles sont pourtant nécessaires et indispensables et à notre survie puisque comme nous le répète le cinéaste sans les abeilles, pas de pollinisation, ce qui implique une disparition des fruits et Des Abeilles et des Hommesdes légumes. Alors pourquoi ces petites bêtes ailées ne veulent-elles plus faire leur boulot ? Et oui, les abeilles ne sont pas capitalistes, elles ne se soucient guère de rapporter de l'argent, pour nous, êtres humains, c'est bien sûr une autre histoire. Attiré par l'argent, l'homme en oublie bien qu'il est souvent ingrat envers ce qui lui permet de vivre de manière aisée. Cette ingratitude a pourtant un prix, plus d'abeilles, plus de miel, et bientôt plus de nourriture et plus de sous !

 

Un sentiment d'indignation

Markus Imhoof nous fait assister à une véritable tragédie, sous nos yeux défilent des images qui nous révoltent mais aussi des sons de voix qui ne font qu'accentuer ce sentiment d'indignation. Le réalisateur rencontre plusieurs personnes ayant des rapports aux abeilles et à l'argent très différents: de l'apiculteur local à l'apiculteur industriel, le discours change, Des Abeilles et des Hommesles méthodes aussi. Alors quand un des interrogés, face à la maltraitance des abeilles, avance l'argument capitaliste, on a du mal à le suivre. Pourtant, n'est ce pas ce que nous faisons un peu tous, se dire que finalement ce n'est pas si grave et laisser faire ? Le documentaire d' Imhoof tente de faire entendre ce que nous refusons d'admettre, l'expression « regarder la réalité en face » prend ici tout son sens parce qu'on le sait que les abeilles disparaissent, mais les hommes ont cette faculté a occulter et à mettre de côté certains problème qui les dérangent. Himhoof rend la mort de ces insectes affligeante, ainsi lorsque les abeilles tombent comme des mouches suite à la pulvérisation de produits traitants les arbres, nous sommes à la fois émus et monte en nous un sentiment de colère, pas seulement contre ceux qui orchestrent le traitement (ça serait trop facile !) puisque d'une certaine manière on y contribue tous à la disparition des abeilles, qui n'a pas ou ne mange pas des produits préalablement traités ?

 

A la fin du documentaire, Imhoof ou plutôt la voix de Charles Berling cite cette phrase d' Einstein Des Abeilles et des Hommes« Si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre». Einstein était clairvoyant et voyait déjà l'extinction des abeilles comme un danger qui nous serait fatal. Toute menace n'est pas imminente et pire est celle qui petit à petit s'installe dans les consciences collectives sans nous laisser aucune chance au moment ultime pour agir... Alors, volez jusqu'au cinéma le 20 février !

 

Par Anne-Laure Thirion

 

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 10:54

Sugar ManSUGAR MAN
Film documentaire de Malik Bendjelloul avec Sixto Díaz Rodríguez, Stephen Segerman, Dennis Coffey...(vostf - 1h25)
Au début des années 70, Sixto Rodriguez enregistre deux albums sur un label de Motown. C'est un échec, à tel point qu’on raconte qu’il se serait suicidé sur scène. Plus personne n’entendit parler de Rodriguez. Sauf en Afrique du Sud où, sans qu’il le sache, son disque devint un symbole de la lutte contre l’Apartheid. Des années plus tard, deux fans du Cap partent à la recherche de “Sugar Man”. Ce qu’ils découvrent est une histoire faite de surprises, d’émotions et d’inspiration.

LA CRITIQUE de TELERAMA

A l'aube des années 1970, Sixto Rodriguez, alias Jesus, chanteur-guitariste d'origine mexicaine, enregistre à Detroit deux albums de folk-rock : Cold Fact puis Coming from reality. En dépit d'un talent d'auteur acéré, proche de Dylan, d'arrangements inspirés des Beatles et d'une voix chaude à la Neil Diamond, c'est un flop. Rodriguez retourne travailler sur les chantiers du Michigan, qu'il avait quittés pour donner quelques concerts. Son label fait faillite et tout le monde l'oublie. Enfin presque : en Afrique du Sud, l'un de ses albums importés par hasard fait tilt. Une jeunesse sevrée de sensations par une société répressive voit en Rodriguez un héros de la contre-culture, à son insu. Cold Fact est copié, piraté, plus tard édité en CD pour atteindre un chiffre estimé aujourd'hui à environ 500 000 exemplaires.

Au Cap, un certain Steve Segerman se prend de passion pour Rodriguez. Apprend que des légendes courent sur sa mort présumée (suicide sur scène ?). Entre en contact avec un journaliste sud-africain lancé sur la piste du rocker disparu. Découvre enfin que Jesus est vivant.

L'histoire est belle et pourtant vraie. Le documentariste Malik Bendjelloul (également suédois) n'a fait qu'une entorse à la réalité : avant sa « résurrection » en Afrique du Sud, Rodriguez avait déjà joué en Australie, en 1979 et 1981. Ce détail mis à part, l'affaire est assez bien ficelée pour amener le spectateur, via une mosaïque de témoignages, au grand moment du film : l'apparition de Sixto Rodriguez himself, grand bonhomme buriné, cabossé, d'une modestie non feinte. Aucune aigreur chez lui. Il vit toujours dans une masure en planches de la banlieue de Detroit. C'est le monde auquel il appartient, et la lumière que lui apporte encore ce film étonnant ne l'éblouit pas.

 

François Gorin

 

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 08:43

The Bling RingTHE BLING RING
Film américain de Sofia Coppola avec Emma Watson, Leslie Mann... Selection «un certain regard» Festival de Cannes. (2013 - vostf - 1h30)
À Los Angeles, un groupe d'adolescents fascinés par les people et l'univers des marques traque, via Internet, l'agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d'objets de luxe... Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, et Orlando Bloom. Les médias ont surnommé ce gang le "Bling Ring".
Si l'on retrouve, comme dans ses précédents longs-métrages, la fascination de Sofia Coppola pour l'adolescence, The Bling Ring est un constat critique et désenchanté de la culture ambiante, de la perte des valeurs. Tout en étant bling-bling, The Bling Ring en dit long sur la société d'aujourd'hui !

The Bling Ring : Sofia Coppola ou la vacuité de la jeunesse

 Sofia Coppola a ouvert la compétition Un Certain Regard du 66e festival de Cannes, avec The Bling Ring. Un film qui entre, tout logiquement, dans la continuité de sa filmographie, sur des adolescentes perdues, des sacs Chanel, des escarpins Louboutin sur une musique rock et éléctro. Un beau, frais, Coppola avec une Emma Watson juste. Qui l’eût cru ?

 

The Bling Ring - Emma Watson, Leslie Mann« C’est en faisant n’importe quoi que l’on devient n’importe qui ». Cette déclaration pourrait servir d’adage à la bande de lycéennes décrites par Sofia Coppola dans son film très attendu, The Bling Ring. Membres d’une génération qui a érigé les filles de et autres filles de rien au rang d’idoles, Paris Hilton en tête, le petit groupe se prend à devenir lui aussi n’importe qui, en faisant n’importe quoi, c’est-à-dire cambrioler les maisons de ces stars éphémères. Puisqu’elles n’existent que par ce qu’elles possèdent le gang en prendra une part pour exister à son tour.

 

The Bling Ring - Emma Watson, Taissa FarmigaThe Bling Ring résonne comme une ôde à la vacuité de cette jeunesse hollywoodienne, déjà écorchée dans le précédent film de la réalisatrice Somewhere qui montrait la superficialité de la ville américaine. Sofia Coppola s’en donne alors à cœur joie en passant en revue le butin des jeunes femmes, sacs Birkin, bijoux en tous genres et chaussures Louboutin, sur fond d’une bande son rock éléctro, qui sait toujours faire son petit effet chez la cinéaste, et nous rappelle au bon souvenir de sa Marie-Antoinette, mais également de toute sa filmographie. Il apparaît en effet d’une logique implacable qu’elle ait adapté cet article paru dans Vanity Fair sous le titre « Les suspects portaient des Louboutin » relatant les vols commis par une bande d’adolescentes majoritairement (Cinq filles et un garçon). On se souvient immédiatement de Virgin Suicides et de sa dissection subtile des malaises adolescents que l’on retrouve ici, comme le poids des parents abusifs pour Nickie, celui de parents inexistants au contraire pour Sam et Becca ou encore l’exclusion pour Marc.

 

The Bling Ring - Israel Broussard, Katie Chang, Claire JulienMais comme dans Virgin Suicides, Sofia Coppola ne cherche ni à comprendre, ni à expliquer, mais montre simplement, neutralement et renforce ainsi le malaise d’une telle légèreté face à des actes dont la gravité s’abat comme une chape de plomb à la fin du film, avant de terminer sur une confirmation de ce vide abyssale. Les personnages superficiels au possible, qu’Emma Watson, loin d’être le personnage principal, interprète mieux qu’elle n’a jamais interprété aucun rôle, sont si stéréotypés que si la mention « inspiré d’une histoire vraie » n’était pas présente, on douterait de leur vraisemblance. Malheureusement ils le sont bien, réels, produits de leur époque qui développe une fascination perverse pour les stars de rien, comme on finit presque par le faire au fur et à mesure du film si rythmé, si fun, si cool, qu’on en oublie la vraie vie, comme ça d’un seul coup.

 

Par Camille Esnault

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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 10:22

Polluting Paradise POLLUTING PARADISE
Film documentaire turc de Fatih Akin. (2012 - vostf - 1h38)
Pendant plus de cinq ans, Fatih Akin filme le combat du petit village village natal de ses grands-parents au nord-est de la Turquie, où les habitants vivent depuis des générations de la pêche et de la culture du thé, au plus près de la nature, contre les puissantes institutions et leur projet de décharge construit dans un mépris total de l’environnement et contre lequel s’élèvent le maire et les habitants.
"Polluting Paradise" est à la fois un portrait remarquable de la population turque des campagnes, et un émouvant plaidoyer pour le courage civique.

Polluting Paradise de Fatih Akin : le témoignage d'un enfant du pays 

Après Head On, De l'autre côté et Soul Kitchen, respectivement récompensés à Berlin, Cannes et Venise, le réalisateur d'origine turque Fatih Akin était venu présenter l'année passée sur La Croisette sa dernière réalisation, Polluting Paradise. Une longue année d'attente plus tard, la voici qui se laisse enfin approcher en salles.

 

Polluting paradiseAlors qu'il est en train de finaliser le tournage de son film De l'autre côté, Fatih Akin apprend que le village natal de ses grands parents, Camburnu, est en passe de devenir le théâtre d'une catastrophe écologique. L'implantation d'une gigantesque décharge est en effet prévue et les quelques milliers d'habitants peinent à faire entendre leur refus. Le réalisateur allemand décide alors de faire office de porte-voix, et reviendra sur place régulièrement pendant 6 ans pour filmer l'évolution du projet. On suit ainsi la construction de l'édifice, ses premiers dysfonctionnements, ses conséquences sur l'environnement tout autant que les manifestations locales face à un gouvernement impassible.

 

Polluting paradiseC'est donc à un réalisateur très attaché à ses racines que l'on a à faire. Les premiers plans, superbes, sont essentiellement consacrés à la beauté de cette région vallonnée (ses champs de thé en terrasse, son climat ensoleillé). À travers différents personnages récurrents comme Huseyin, le maire, Nezihan, la cultivatrice de thé ou Ismet, riverain de la décharge, il dresse également le portrait de la population locale. Une population vieillissante car victime du départ de ses jeunes vers la ville, mais qui met toute l'énergie qui lui reste dans la lutte pour la défense de son village (barrage sur les routes, descente dans la décharge). Un village qui voit progressivement sa rivière contaminée par les eaux noires, la prolifération des moustiques et des chiens errants.

 

Polluting paradiseSi Polluting Paradise rend ainsi un bel hommage à ces hommes et femmes se battant pour la terre qu'ils ont toujours connu, Fatih Akin n'évite cependant pas le piège du sujet très personnel. S'il met en évidence plusieurs dysfonctionnements au sein de la justice turque ainsi que la quasi absence de dialogue entre gouvernement et locaux, il peine à prendre du recul sur la situation. Les ingénieurs et spécialistes à qui la parole n'est peu voir pas accordée sont systématiquement réduit au rang d'incapable alors que le discours local se résume dans ses grandes lignes à du « pas de ça chez nous » en lieu et place de la défense de l'environnement. Au final, si Polluting Paradise est le témoignage vibrant d'un enfant du pays, son message est un brin trop partial pour convaincre entièrement.

 

Si vous souhaitez briser quelques clichés trop souvent véhiculés sur la Turquie.

 

Par Romain Duvic

 

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 09:11

Stories We TellSTORIES WE TELL
Film canadien de Sarah Polley avec Rebecca Jenkins.. (2012 - vostf - 1h48)
Sarah Polley a une famille (presque) normale… Et presque comme toutes les familles, la sienne cache un secret. Quand Sarah le découvre, elle décide de se lancer à la recherche de la vérité. Mais quelle vérité ? Jouant les détectives avec une ironie et un naturel désarmants, elle va démêler sous nos yeux la pelote de toutes ces histoires qu'on raconte, et auxquelles on finit par croire. La légende familiale se construit alors sous nos yeux, entre faux-semblants et sincérité, humour et tendresse.


A la frontière de plusieurs genres cinématographiques, cette œuvre e mêle souvenirs et fiction, mystères et fausses pistes, mensonges et révélations. Bref, l'histoire d'une famille comme les autres !

Stories We Tell : les histoires de famille 

 Sarah Polley, à travers Stories we tell, nous initie à un nouveau genre. Ceci n'est pas vraiment un documentaire ni une fiction ni un méli-mélo de souvenirs, c'est un peu de tout ça à la fois. Et quoi de mieux pour expérimenter que de le faire sur sa propre famille ! En effet, Sarah Polley, nous ouvre les portes de son univers intime, le milieu où elle a grandi...

 

 

La famille sous l'objectif

C'est peu habituel de mettre en scène sa propre famille mais ne vous attendez pas à une biographie de Sarah Polley, à un portait joyeux des membres de sa famille qui montrerait à quel point l'enfance de Sarah fut heureuse. L'intention de la réalisatrice est tout autre, elle tente à travers le témoignage de son père, de ses frères et soeurs mais aussi d'autres personnes de mettre la lumière sur un point obscur : sa mère, Diane Polley. Finalement, cette dernière n'est qu'un prétexte qui permet à Sarah de se moquer et de dénoncer aussi le reportage ou le documentaire vérité, qui érigerait pour vrai un fait ou une chose dite. La réalisatrice montre à quel point il est facile de se perdre dans les témoignages tellement ils différent d'une personne à l'autre, d'une époque à l'autre suivant les relations que l'on a entretenu avec la personne concernée ou le sujet concerné. Dès lors, quelle version est la plus acceptable, celle qui devra être retenue ? Pour mademoiselle Polley, elles sont toutes dignes d'intérêt d'où la complexité de la restitution et de la reconstitution du souvenir.

 

 

Des vérités tronquées

Stories We Tell - Sarah PolleyLe métrage suit la voix de Michael Polley, le père de Sarah, narrateur idéal puisqu'il est lui aussi impliqué dans l'histoire de sa femme, il en était même le plus proche penserait-on. Cependant, et c'est ça qui est le plus étrange. Il va aussi en être le plus éloigné, il sera en quelque sorte le plus proche du secret de sa femme mais aussi le plus loin de ces pensées cachées. Paradoxe souvent présent dans nos expériences personnelles ou familiales. Comment reconstituer avec vérité ce que l'autre est ? Ici, l'histoire tourne autour de Diane qui n'est plus là pour montrer qui elle est véritablement, ce que les autres rapportent d'elle restera une vérité ou image tronquée. C'est peut être aussi pour cela que Sarah polley filme les scènes de « flashbacks » en super 8, comme pour montrer avec nostalgie que ces moments ne sont pas ceux qu'a véritablement vécus sa mère, qu'ils n'en sont que le reflet.

 

Pas un surplus de lyrisme

La présence de Michael Polley est certainement le plus du métrage, le scénario quant à lui signé Sarah Polley est subtilement écrit, la réalisatrice réussie à nous émouvoir, nous toucher tout en oubliant pas de nous faire sourire. Sarah Polley n'est pas omniprésente devant la caméra, plutôt effacée, elle n'est donc pas le témoin de sa propre famille qui s'éfondrerait en larme se rappelant sa maman. L'émotion pourtant palpable ne se transforme pas en un surplus de lyrisme. On imagine pourtant combien le sujet a du être difficile a adapter pour Sarah Polley. Toutefois, le film peut trainer en longueur, les vas-et-viens des souvenirs et des moments de fictions peuvent être lassants et nous faire décrocher malgré le léger « suspens » qui règne.

 

Par Anne-Laure Thirion

 

Si vous voulez découvrir un style unique, Stories We Tell est fait pour vous !


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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 17:26

Only God ForgivesONLY GOD FORGIVES
Thriller danois de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Gordon Brown... (vostf et vf- 2012 - 1h30)
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement.
Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics …
Seconde collaboration entre l'acteur Ryan Gosling et le réalisateur Nicolas Winding Refn après Drive. Présenté en compétition au Festival de Cannes.

Only God Forgive  

Après la démonstration de son talent de réalisateur dans Drive, qui lui avait valu le prix de la mise en scène au 64eme festival de Cannes, le nouveau film de Nicolas Winding Refn était attendu comme le messie. D’ailleurs intitulé Only God Forgives, il traite cette fois de la spiritualité et surtout de la mort. Un film en forme d’expérience mystique qui reprend les recettes de Drive pour en montrer tous les travers. La déception est immense.

 

Only God Forgives - Ryan GoslingUne salle de boxe, les couloirs d’une boîte de nuit ou les rues de Bangkok, des lieux d’une banalité incroyable peut-être à la lumière du jour, peut-être aussi vus à travers d’autres yeux que ceux de Nicolas Winding Refn. Car avec le génie du cinéaste, l’espace se magnifie à la lumière des néons rouges, verts, bleus et un restaurant karaoké devient le lieu le plus noble qui soit pour qu’évoluent les personnages aux mouvements suaves, déambulant sans savoir où ils vont, presque somnambuliques. La mise en scène est comme dans Drive, hallucinée et hallucinante, elle relève plus du processus de la trance que d’une mis en image formelle de l’action représentée. Comme dans Drive aussi des éclairs de violence traversent des moments d’accalmie extrêmes. Mais si le héros s’éveillait au monde, celui d’Only God Forgives, Julian alias Ryan Gosling, entame lui son voyage vers la mort. Voyage qu’il n’achèvera pas avant d’avoir traversé l’enfer. Le ton est élégiaque, porté par une musique orchestrale, parfois terrifiante. C’est bien dans les tréfonds de l’enfer que nous traîne Nicolas Winding Refn, son film sent la mort dans chaque plan, chaque déchaînement de violence, personnalisée par le personnage du policier grand maître du jugement dernier, elle identifie ceux qui ont passé le teste et ceux qui ont échoué.

 

Only God Forgives - Ryan GoslingL’enfer filmé par Winding Refn c’est beau, magnifique même, mais c’est creux, caricaturale et finalement ennuyeux à mourir. Le complexe d’oedipe, la lutte du bien contre le mal, la masculinité, la violence, aussi bien physique que morale et enfin la mort sont tous des thèmes que le film souhaite explorer, sans jamais vraiment réussir à le faire se laissant happer par du symbolisme simpliste qui explose dans un final à la limite de l’affligeant. Le long-métrage veut tellement verser dans l’expérience mystique qu’il en fait trop là où il devrait être modéré et pas assez là où il devrait aller en profondeur. Dans la caractérisation des personnages par exemple, pour lesquels nous n’avons pas une once d’empathie, qui ne sont pas du tout incarnés et finissent par faire seulement figure d’allégorie. Julian, qui représente l’impuissance masculine, au sens propre comme au figuré, réussit même l’exploit de faire de l’électrique Ryan Gosling un acteur atone, plus poseur qu’autre chose.

 

Only God Forgives - Kristin Scott ThomasSi son personnage a, à première vue des ressemblances avec celui de Drive, une tendance à économiser les mots et à partir dans des accès de violence démesurée, il n’a définitivement rien de commun. Là où l’absence de mots du driver avait une dimension hautement poétique qui nous faisait comprendre directement l’obligation de les refouler dans un environnement très réaliste, celle de Julian renforce son aspect chimérique et nous le rend peu sympathique. Le personnage de la mère castratrice (Kristin Scott Thomas merveilleuse), bien plus encré dans la réalité, qui ouvre le plus la bouche, pour dire aussi les choses les plus immondes est beaucoup plus identifiable. Le vrai héros est sûrement cette mort qui rôde et dont on attend la rencontre avec Julian, vers laquelle tend tout le film. Lorsque cela arrive enfin on voudrait presque pleurer, non à cause de l’issue tragique pour le personnage, mais à cause de l’amère déception devant le film d’un metteur en scène qui a pourtant tant de génie.

 

Par Camille Esnault

 

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 08:19

MudMUD Sur les rives du Mississippi
Film américain de Jeff Nichols avec Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Michael Shannon... (2012 -vostf - 2h10)
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi.
C’est Mud : une dent en moins, un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Qui est vraiment cet homme ?

Mud de Jeff Nichols : cry me a river  

Après la pépite Take Shelter (Grand Prix à la Semaine de la Critique) qui dressait le portrait d'un Américain moyen ancré dans la plus terre-à-terre des réalités qui va glisser dans la démence, Jeff Nichols tire le cinéma américain vers des hauteurs insoupçonnées avec Mud, le récit d'une initiation, d'un éveil à l'amour le long du fleuve Mississipi.

 

Mud : Sur les rives du Mississippi - Matthew McConaugheyMud, c'est le prénom de cet homme qui a trouvé refuge sur une île au milieu du Mississipi. Avec sa dent en moins, son serpent tatoué sur le bras, son flingue dans la poche et sa chemise porte-bonheur, il croise en chemin Ellis et Neckborne, deux jeunes garçons de 14 ans lors de leurs errances quotidiennes. Ensemble, ils vont tenter de réparer un bateau échoué sur l'île pour que Mud puisse échapper au chasseur de primes engagé par le père de l'homme qu'il a tué. Mud, c'est un homme qui croit désespérément en l'amour. Il attend sa fiancée Juniper, qu'il a connu enfant, et qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Ellis est un adolescent qui cherche l'amour et qui va trouver en Mud un point d'ancrage pour échapper aux tensions quotidiennes de ses parents. Mais difficile dans les paroles de Mud de déceler le vrai du faux...

 

Mud : Sur les rives du Mississippi - Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob LoflandAncrant son récit le long du Mississipi, Jeff Nichols filme les derniers jours de ces rescapés du fleuve. Le récit d'un vagabondage, d'une initiation et d'une fuite, qui vient puiser sa vitalité dans cette rivière ornée de personnages à la Mark Twain. Par les yeux d'Ellis, ce gamin qui cherche tant à comprendre le monde qui l'entoure, le spectateur suit les mouvements fluctuants de ces personnages, guidés par leur besoin d'être aimés et leur soif de liberté.

 

Mud, c'est le film d'un homme en proie au romantisme, malmené par des femmes qui font ce qu'elles veulent de lui et la caméra, mobile, s'attache à dérouler le sujet sans jamais l'amoindrir. Parallèlement, c'est le récit d'une Amérique qui perd ses racines, ce mode de vie si particulier au Sud qui est en voie d'extinction que Jeff Nichols dépeint ici. Cette quête vagabonde mêlée à cette douce mélancolie donnent à Mud des accents précieux qu'on aurait aimé voir récompensé à Cannes.

 

Par Laure Croiset

 

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 08:49

Promised LandPROMISED LAND
Film américain de Gus Van Sant avec Matt Damon, Frances Mcdormand, Rosemarie Dewitt... (2012 - vostf - 1h45)
Steve Butler, représentant d'un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu'à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu'elles renferment. Ce qui s'annonçait comme un jeu d'enfant va pourtant se compliquer lorsqu'un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel...


Le nouveau film de Gus Van Sant est un drame écolo d'une grande douceur et sensibilité. Il parle de sujets essentiels,trop peu exploités au cinéma : les grands conglomérats qui rachètent les vastes terres des fermiers pour y implanter leurs stations de forage et d'extraire le gaz de schiste,nouvel eldorado énergétique. Van Sant se place à la fois du côté des pauvres paysans,qui ne peuvent se permettre de refuser de telles sommes d'argent,et du côté du représentant de la firme qui doit vendre son produit avec le plus d'affect possible.

Matt Damon campe un gars,tiraillé entre ses origines sociales et son poste lucratif à responsabilités.Au passage,on y apprend les graves problèmes de pollution de l'eau que ce type de procédé apporte."¨Promised Land" se poste clairement sur le terrain des réactions intimes,peut-être au détriment de son sujet,riche politiquement et socialement.Van Sant préfère accompagner ses personnages sur de la musique folk,tout en y mettant en avant de magnifiques paysages champêtres et une population digne et courageuse,mais influençable.

Si l'on excepte un dénouement trop consensuel,le film est très attachant,et comporte des échanges bien envoyés entre Damon et Frances McDormand,et d'autres très caustiques entre Damon et John Krasinski,l'activiste écolo

Un film d'auteur indispensable,à l'heure de l'hystérie des FX et de l'action à tout va.

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