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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 09:23

RealREAL
Film de science-fiction, romantique de Kiyoshi Kurosawa avec Takeru Sato, Haruka Ayase, Odagiri Joe... (2012 - vostf - 2h07)
Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve plongée dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l'inconscient de sa compagne. Mais le système l'envoie-t-il vraiment là où il croit ?
Kiyoshi Kurosawa nous invite à un voyage virtuose au plus profond de l’inconscient, où rêve et réalité, poésie et science-fiction se confondent.


Kiyoshi Kurosawa, réalisateur de “Real” : “Je veux dévoiler ce qu'il y a derrière le visible”

“Real”, mêle romantisme et science-fiction et comme toujours avec le réalisateur japonais, une grande dose de surnaturel… de la plus naturelle des façons.

Des morts qui cheminent à travers Internet pour pousser les adolescents au suicide (Kaïro). Un arbre magique qui prospère en faisant pourrir la végération qui l'entoure (Charisma). Un homme traqué par son propre double (Doppelganger). Kiyoshi Kurosawa est un maître du fantastique à l'écran. Y compris quand ses réalisations, telle la superbe série télé Shokuzai, empruntent les voies plus réalistes du polar. Entretien à Paris avec le réalisateur, à l'occasion de la sortie en salles, mercredi 26 mars, de son nouveau film, Real, une science-fiction romantique où un jeune homme parvient, grâce à une machine, à pénétrer les pensées et l'inconscient de sa compagne dans le coma.

Kiyoshi Kurosawa sur le tournage de Kaïro. © DRPourquoi le surnaturel tient-il une place aussi importante dans votre œuvre?
Je suis un grand amateur de cinéma fantastique. Et le cinéma est, par essence, une forme de fantastique. Le cadre correspond au monde visible. Dès que l'on sort du cadre, il y a le fameux hors champ dans lequel on ne sait jamais ce qui peut se passer : quelque chose est peut-être tapi dans l'ombre, pour surgir à tout instant à l'intérieur de l'image. Le montage peut, lui aussi, être vecteur de fantastique, par le simple passage d'un plan à l'autre. Vous êtes à un instant T et, le plan d'après, vous pouvez avoir changé de lieu, changé d'époque. C'est la dimension magique du cinéma, qui stimule l'imagination du spectateur. Au début d'un film, vous vivez toujours ce moment d'appréhension et d'impatience, parce que vous ne savez jamais ce qui peut arriver dans la minute suivante. Cette tension sous-jacente, fait que peut-être plus naturellement que si je pratiquais d'autres formes d'art, j'ai tendance à intégrer des éléments de fantastique.

Même quand le fond est très réaliste, comme dans Tokyo Sonata ?
Je n'ai pas pour objectif de tirer le récit vers le fantastique à chaque film. Mais il est vrai que, si je me sens évidemment concerné par la crise économique ou les catastrophes écologiques, je ne saurais pas, comme d'autres réalisateurs les filmer tels quels, de manière frontale. En tant que spectateur, je reste toujours sur ma faim quand un film ne traite qu'un seul aspect de la réalité. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce qui va se passer ensuite, et, surtout, derrière les apparences. J'ai toujours l'impression qu'il y a autre chose derrière le visible, c'est ce qui m'intéresse en tant que spectateur, et que je veux dévoiler en tant que réalisateur. Le cinéma permet d'explorer cette zone un peu en dehors de la réalité.

Votre manière de créer une atmosphère fantastique et de créer la peur par le hors-champ rappelle les films de Jacques Tourneur.
J'aime beaucoup l'œuvre Jacques Tourneur, et plus particulièrement La Féline. Il y a toujours dans ses films ce jeu d'ombres et de lumières qui fait se demander ce qui est en dehors du champ. J'ai toujours été impressionné par cette menace qui plane, ces ombres qui apparaissent ou disparaissent. D'une manière générale, je suis très sensible aux cinéastes qui travaillent sur le hors champ : Bresson, Mizoguchi hier, Jia Zhang-ke aujourd'hui. Et bien, sûr, celui qui est à l'origine de tout ça : Louis Lumière. Dans La sortie des Usines Lumière à Lyon, l'un des tous premiers films de l'histoire du cinéma, tourné en 1895, le portail s'ouvre et les ouvriers sortent du travail. Mais il n'y a pas qu'eux : un chien traverse le champ avant de disparaître, d'autres figures réintègrent le cadre de manière impromptue. En quarante-cinq secondes, tout est dit en matière de champ et de hors-champ.

Pourquoi vos films sont-ils autant hantés par les fantômes ?
Je suis un grand admirateur de la tradition japonaise des films d'horreur, les kaidan, qui mettent en scène des apparitions effrayantes, ces femmes-spectres aux longs cheveux noirs que l'on retrouve notamment dans Ring, de Hideo Nakata. Et la figure du fantôme permet de matérialiser une des choses les plus difficilement représentables au cinéma : la mort. On peut bien sûr, filmer les cadavres, ou, grâce au flashback, exprimer une période où le protagoniste était encore en vie. Mais faire apparaître la mort à l'instant présent, c'est quelque chose d'extrêmement compliqué. Le fantôme permet l'incursion du passé ou du souvenir au présent. C'est un moyen très commode pour décrire le lien entre un personnage vivant et un autre disparu – surtout quand la mort a intensifié leur relation.

Vous aimez pratiquer le mélange des genres dans vos histoires. Dans Real, on trouve de la science-fiction, du mélo, mais aussi du film de monstres...
J'ai toujours aimé associer différents genres cinématographiques dans un seul récit. Toutefois, mon rêve aujourd'hui serait plutôt de faire « un film, un genre ». Et d'avoir la chance de pouvoir aborder au moins une fois chaque genre existant avant la fin de ma carrière !
J'ai toujours eu envie de faire apparaître un monstre ou une créature géante dans mes films. Il a fallu que j'attende Real pour y arriver. Dans le roman originel, le dinosaure n'apparaît que de manière symbolique, sous la forme d'une petite figurine, il n'a pas de séquences à lui comme dans le film. Il a fallu que je négocie durement avec mes producteurs qui ne voulaient pas en entendre parler. Désormais, j'aimerais bien pouvoir réaliser un vrai film de monstres, type Godzilla.

En savoir plus sur http://www.telerama.fr/cinema/le-fantastique-selon-kiyoshi-kurosawa,110386.php#JJjXkoo1Gms8OVpF.99

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