LA PIROGUE
film africain de Moussa Touré avec Souleymane Seye Ndiaye, Laïty Fall, Malamine Dramé... (2011 - vostf - 1h27)
Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol. Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Il devra conduire 30 hommes en Espagne. Ils ne se comprennent pas tous, certain n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui l’attend.
Infos tournage
Le film de Moussa Touré est né d'un constat. Faute de perspective, au Sénégal, chaque famille compte au moins un de ses membres qui s’est embarqué dans une pirogue pour tenter sa chance en Europe: «Un jour, j’ai découvert que mon mécanicien, qui est tout jeune homme, avait lui aussi tenté l’aventure. Il était monté à bord d’une pirogue, mais avait été reconduit au pays deux mois plus tard. Quand je l’ai retrouvé, je l’ai longuement interrogé et j’ai noté des éléments de son récit qui, par la suite, m’ont inspiré pour le film.»
longue production
Le processus de travail et d'écriture, a duré 3 ans. Le réalisateur sénégalais Moussa Touré a été choisi par le producteur Eric Nevé pour sa connaissance de la mer. N'ayant pas participé à l'écriture, le cinéaste a eu une liberté totale pour adapter le scénario de la réalité de l'immigration: «J’ai refusé d’être crédité au scénario car les deux personnes qui ont écrit avaient un vrai recul par rapport à cette fiction, alors que je n’avais pas moi-même la distance nécessaire... Personnellement, mon véritable travail d’écriture s’est fait pendant le tournage, par la mise en scène.»
Symbole du film
La Pirogue de Moussa Touré s'ouvre avec une séquence de lutte, sport le plus populaire au Sénégal: «J’ai choisi de commencer le film sur cette séquence pour placer l’homme sénégalais au cœur de cette histoire : c’est dans la lutte que nous nous retrouvons tous.»
Un titre évocateur
A travers le récit de cette fuite vers un eldorado européen, Moussa Touré a choisi son titre comme une analogie de d'une jeunesse en quête d'espoir: «La Pirogue est une métaphore du pays qui part à la dérive, quand il n’y a plus d’horizon.»
Filmer un peuple du regard
Sensible aux visages, le réalisateur Moussa Touré a travaillé avec son chef opérateur sur les regards des sénégalais qui viennent d'un «pays porté sur l'horizon...Nous voulions aussi montrer le profil des personnages, en choisissant de les cadrer en enfilade, afin d’accentuer la notion d’horizon vers lequel ils sont tous tendus. Cette démarche m’a été inspirée par Gilles Groulx, documentariste canadien qui m’avait expliqué ce type de prise de vue.»
Méthode de travail
Le cinéaste Moussa Touré a d'abord choisi des visages et projeté le film Master and Commander : De l'autre côté du monde de Peter Weir afin d'intégrer la subtilité du jeu d'acteur. Puis après quelques répétitions, le cinéaste a changé des éléments: «Je voulais absolument qu’ils se sentent en danger afin qu’on lise la peur sur leur visage. Par moments, ils ne savaient même pas où ils allaient, alors que je savais très précisément ce que je faisais... Le doute... se lisait sur tous les vi
sages, et c’est devenu comme une clé de voûte qui sous-tend l’ensemble du film.»