L'avis de la rédaction
Tokyo Sonata marque un tournant radical dans le travail de Kyoshi Kurosawa. Le réalisateur japonais, esthète du cinéma fantastique et d'horreur (quoique son oeuvre est assez inégale) change complètement de registre et signe un drame social complexe et fascinant, parfait révélateur de l'état de la société japonaise aujourd'hui.
Tokyo Sonata lorgne d'abord du côté de Laurent Cantet (L'Emploi du temps) et Nicole Garcia (L'Adversaire) avec cette histoire d'un cadre d'entreprise qui n'arrive pas à avouer son licenciement à sa famille et s'enfonce peu à peu dans un engrenage mensonger. La ténébreuse affaire Romand plane instanténément sur ce film dont les ressorts semblent très vite identifiés. Mais Kyoshi Kurosawa ne sombre pas dans la redite. Le drame n'est pas forcément inéluctable.
Fort d'un scénario malin et d'une mise en scène au diapason, Kurosawa dynamite les rapports familiaux et écorne sérieusement le principe fondamental de l'autorité du père. Le film prend une tournure assez étrange dans sa dernière demi-heure avec l'apparition non préparée d'un personnage de cambrioleur excentrique joué par l'acteur fétiche du cinéaste, Kôji Hakusho. Cette partie du film s'intègre malgré tout intelligemment à l'ensemble.